L'art martial de Gygi


L'artiste suisse Fabrice Gygi est surtout connu pour ses grandes installations ou sculptures mettant en scène des rapports de domination ou la violence sociale et politique… À l'URDLA, il présente des œuvres de dimension modeste (estampes et objets), même si ce sont trois grandes gravures de deux mètres de haut qui ouvrent l'exposition, aux côtés d'une guirlande en inox aux pointes agressives ! Dans ces trois premières œuvres, le noir domine et l'ensemble a un aspect graphique et austère qui est la marque de fabrique de l'artiste… La première représente un treillis de grillage (où l'on retrouve le thème de l'enfermement), la deuxième des sangles, la troisième un "électro-patch". Ce sont des pièces à l'impact visuel puissant, autoritaires presque, et exerçant sur le spectateur un pouvoir de fascination ambigu. Plus loin, l'artiste joue de nombreux allers-retours entre des objets-sculptures (des anneaux suspendus notamment) et des estampes où l'on retrouve peu ou prou leurs motifs. Gygi utilise des formes aux frontières du sport, du pouvoir et du sado-masochisme, univers dont les stimuli physiques et les symboles s'échangent facilement dans son travail. L'exposition se termine avec plusieurs petits objets en argent suspendus chacun par une laisse. Des œuvres récentes où Gygi revient d'une certaine façon à la bijouterie, lui qui, à 17 ans, s'était vu refuser l'entrée dans une école de bijouterie pour petits faits de délinquance et avait opté du coup pour une voie artistique…
JED


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