Pour une poignée de chansons…


Insomniaque / C'était il y a sept ans. Pour un précédent Insomniak, nous avions monté une petite équipe (trois personnes), pris notre courage à deux mains, sorti notre plus belle voix de tête, et franchi les portes de l'Opéra Rock pour y participer à une soirée karaoké. Là-bas, entre une reprise rocailleuse de Joe Dassin et un honorable Strangers in the night, nous avions discuté avec quelques habitués et découvert que le karaoké possédait son réseau de passionés exigeants, se mêlant sans problème avec les visiteurs d'un soir. Parmi les adresses cultes à Lyon, on nous avait signalé le Elody's pub comme un incontournable, vantant le sérieux des prestations vocales et le cadre intimiste. Un septennat plus tard, voici venu le temps d'aller y voir de plus près. Avec une équipe entièrement renouvelée et une tessiture toujours plus chancelante (on mettra ça sur les microbes de saison, à moins que ce ne soit la clope), les portes du Elody's pub, à quelques encablures de la gare Saint-Paul, s'ouvrent enfin. C'est un petit club, avec quatre ou cinq tables seulement, pour une trentaine de places assises ; trois écrans plasma sont judicieusement disposés aux angles stratégiques pour que personne n'oublie les paroles, compensant la présence d'une poutre maîtresse en plein milieu. L'entrée, gratuite, est contrebalancée par le prix des consommations (50 euros la demi-bouteille pour trois personnes), pas données, mais on ne vous harcèle pas pour que vous remplissiez vos verres en cours de soirée ; au contraire, une fois installés, on a la sensation que c'est l'ambiance qui compte autant que le business. Il y a quelque chose de profondément démocratique — tout de suite, les grands mots — à voir un public si hétéroclite, se moquant des différences d'âge et de culture, tous rassemblés pour le plaisir de chanter (juste ou faux, de vieux tubes ou de vrais standards, du trash ou de la qualité). Le week-end, le Elody's se remplit vite, et il ne faut pas compter entonner plus de trois morceaux d'ici l'aube ; en revanche, on nous garantit qu'en semaine, on peut reprendre facilement l'intégrale des titres disponibles de Jean-Jacques Goldman (exemple pris  au hasard). Pour notre part, la malchance a voulu que notre duo sur Like a virgin n'arrive jamais jusqu'au micro. Mais le lieu nous a convaincu, donc ce n'est que partie remise.
CC

Elody's pub, 10 quai de Bondy, Lyon 5e


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Comme un boucher