Jouer cabaret


Et si le théâtre se la jouait cabaret ? La famille Carpentieri à la tête de l'Etoile Royale s'en donne à cœur joie sur ce genre que l'on imaginait - à tort - cantonné aux émissions de Patrick Sébastien. Michel Heim, auteur à succès du théâtre parisien, a même accordé sa confiance à la troupe au point de leur écrire un texte totalement inédit : Besame macho. Roi du divertissement parodique et pape du théâtre privé parisien, Heim a une carrière jalonnée de succès (La Nuit des reines, Néron la romaine, Les Dindes galantes) longue comme le bras. Avec Besame macho, il continue dans une veine farcesque et gay(friendly) où tout est outrancier mais aussi maîtrisé. Le maître de cérémonie Giorgio Carpentieri fait rentrer l'intrigue dans une boîte à chaussure et se sert habilement des moindres chausse-trappes de son théâtre : les bureaux, le bar et même la porte donnant sur l'extérieur. En 1982, au fin fond de Bueno Aires, un capitaine de gendarmerie dissimulé sous de faux airs de Bruno Mégret traque un anarchiste. Entre vrais mensonges et fausses vérités, tout le monde triche sur son identité. Dans ce joyeux capharnaüm, émerge surtout la vitalité d'une troupe survitaminée qui tient la route par son savoir-faire : les comédiens savent aussi chanter et danser. En fond de scène, trois musiciens jouent avec maestria sur des airs de tango endiablés. Un travail d'artisans qui ne trompe pas sur la marchandise.
Nadja Pobel


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