Au bord des lèvres


Avec ses qualités et ses défauts, Arabia Mountain (autre titre possible : Grand n'importe quoi !), le dernier album des Black Lips, enregistré par «Monsieur Mark Ronson producteur de génie», nous donne à entendre une évidence : que les sons arabisants (pour ce qu'il y en a) sont taillés pour les riffs garage et le jingle-jangle. Et que, même, on les entendait déjà à l'œuvre depuis au moins les compilations Nuggets et surtout, surtout, les disques des Seeds.

Bon, en dehors de cette découverte qui revient à dénicher les manuscrits de la mer Morte sous une caisse de bière, les Black Lips, même avec «Monsieur Mark Ronson producteur de génie™» aux manettes, restent les Black Lips. Une sympathique machine à tubes cradasses moins bas du front qu'elle n'en a l'air – même s'il faut bien avouer que plus bas du front que ça, on appelle ça un cochon truffier.

Alors certes, ils n'ont peut-être pas lu (tout) Lamartine mais les Black Lips ont pour eux d'avoir écumé les scènes rock et les routes à peu près autant que Cousteau n'a raclé le fond de la mer (ils ont même enregistré un live dans un bar à putes).

D'où cette impression à l'écoute du «flower punk» d'Arabia Mountain, de se taper ce que papy appelait une ratatouille polak (le titre Raw meat) au fond d'un vieux van sur la file de gauche d'une autoroute allemande. Au bout d'un moment on ne sait plus trop qui conduit (Mr Driver) et on a les dents du fond qui baignent mais on est content.
Stéphane Duchêne

 

The Black Lips + Acid Baby Jesus, au Kao jeudi 8 décembre.

 


Black Lips - Veni Vidi Vici - Directed By Edward... par chloegc


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Carnage