Red Cross story

Au Théâtre de la Croix-Rousse, le tout frais directeur Jean Lacornerie met en scène West Side Story, LA comédie musicale entre toutes, dans une version concert. Il explique ici son goût pour le genre, et le choix de cette approche. Pascale Clavel


Quel est ce lien puissant qui vous unit à la Comédie Musicale depuis si longtemps ?
JeanLacornerie :
Plus je mets en scène des comédies musicales, plus j'ai envie d'en faire. Comme beaucoup de monde, j'en ai vu au cinéma. Puis j'ai eu l'occasion de mettre en scène une œuvre de Kagel en Caroline du sud, j'ai passé quelques jours à New-York et je suis allé voir des comédies musicales au théâtre. Là, j'ai trouvé une forme musicale qui m'intéressait énormément. La comédie musicale, c'est d'abord du théâtre. J'ai monté un Bernstein puis, de fil en aiguille, j'ai pu voir à quel point ce répertoire était riche. Je pense que le public français aime la comédie musicale mais n'en connaît qu'une petite partie. Dans ce répertoire il y a une énergie, l'expression d'une joie de vivre qui est très agréable.

Pourquoi donner West Side Story en version concert, dans une conception presque intime ?
C'est une version concert améliorée. Nous ne faisons que la partie musicale pour 5 percussionnistes, 1 pianiste et 4 chanteurs. Nous avons fait abstraction des dialogues. Lorsque Gérard Lecointe, membre fondateur des Percussions Claviers, a fondé son groupe, il était dans une Académie musicale avec Bernstein ; Gérard a fait un arrangement de West Side Story à l'oreille et l'a joué à Bernstein ; Bernstein lui a donné immédiatement l'autorisation de jouer cet arrangement. Je travaille avec l'idée de projeter des images, comme une sorte de scénario de la pièce qui permettra aux spectateurs de se refaire le film. L'œuvre est suffisamment forte pour être ramenée à quelque chose d'essentiel : on enlève les ballets, les paroles, on regarde au plus près un seul élément de cette comédie musicale.

Le texte a encore beaucoup de résonances aujourd'hui. Comment ne pas en faire trop ?
Les questions posées, celles de l'intégration, du territoire, de la délinquance restent justes et contemporaines. On est plus ou moins dans le cliché mais l'œuvre entière joue avec ces clichés. Je laisse le spectateur avoir sa vision, je n'aime pas appuyer, on risque d'écraser à force d'appuyer. Le spectateur doit avoir sa part d'interprétation. Je n'ai pas de volonté d'actualisation obligée de l'oeuvre. En juin, je vais faire un travail avec des amateurs à qui je vais proposer d'actualiser à leur manière West Side Story.


<< article précédent
L’humour sur son 31