Aux fourneaux


Le musée Gadagne ne dispose que 350m² pour raconter la création du mythe de la gastronomie lyonnaise, mais de l'avis de sa conservatrice Marie-Anne Privat-Savigny, «il y avait de quoi remplir 2000 m² !». Si l'on se sent donc parfois à l'étroit dans ces murs et obliger de zapper rapidement entre les différentes étapes cette saga lyonnaise, il n'en demeure pas moins que c'est avec un appétit aiguisé que l'on découvre cette exposition qui se devait d'être montée par le musée dédié à l'histoire de la Ville. Une première salle raconte notamment les produits qui ont fait la gloire de la cuisine lyonnaise et notamment… les pâtes ! Il y avait neuf fabricants de pâtes mi-XIXe siècle dont Rivoire & Carret installé à Vaise. L'entreprise en révolutionne la fabrication et concurrence sérieusement les Italiens en utilisant une semoule de blé dur séchant rapidement ; les pâtes peuvent désormais être vendues chez l'épicier en paquet. Grands chefs et bouchons se font face dans la salle principale qui présente aussi des menus imprimés sur soie des grands repas de Présidents de la République en visite dans la capitale des Gaules. Enfin, il est montré que Lyon n'a pas exclusivement bâti sa réputation gastronomique sur la nourriture parfois lourde des Mères (la mère Brazier affichait aisément ses 100 kg sur la balance !) mais aussi avec le développement de la bière, des pâtisseries, et autres glaciers et chocolatiers — Voisin ayant l'idée dans les années 1970, avec son célébrissime coussin, de recouvrir le chocolat de pâte d'amande plutôt que l'inverse afin que la friandise ne fonde pas entre les doigts. Avant de découvrir, dans l'ultime salle, les univers des chefs d'aujourd'hui emmenés par l'illustre Bocuse, les enfants auront eu tout le loisir de s'amuser dans cette expo qui leur est grande ouverte. Sous les tables d'expositions, ils peuvent se glisser pour identifier les sons du lavage de salade, du découpage des oignons ou du battage des œufs den neige. Et aussi démasquer les odeurs du sucre, du chocolat ou des épices. À noter que des très nombreuses projections de films, conférences scientifiques ou historiques sur la cuisine émailleront cette exposition jusqu'à son décrochage fin avril.
Nadja Pobel


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La gastronomie à toutes les sauces