Figurer, défigurer, transfigurer

Panorama / Après une Biennale d'art contemporain assez exceptionnelle, la saison expos se poursuit avec une grande rétrospective attendue consacrée à Robert Combas et une multitude d'expositions plus discrètes et curieuses dans les galeries. Jean-Emmanuel Denave


Après Warhol, Keith Haring et Ben, Le Musée d'Art Contemporain ouvre grand ses trois étages (du 24 février au 15 juillet) à l'un des héros de la Figuration Libre (aux côtés de Hervé Di Rosa, François Boisrond...) Robert Combas né en 1957 à Lyon où il passa sa crise d'œdipe avant de rejoindre Sète en 1961. C'est la première grande rétrospective consacrée à cet artiste ultra prolifique avec quelque 300 œuvres ressemblant à autant de jungles visuelles. Le parcours d'exposition sera rythmé en musique par une playlist rock concoctée par Combas et, au dernier étage du musée, l'artiste sera présent pendant deux mois pour créer de nouvelles œuvres sur place, jouer de la musique ou inviter d'autres artistes... En février aussi, à la galerie Pallade (du 2 février au 24 mars) et à la galerie Confluence(s) de l'IUFM (du 3 février au 23 mars), c'est une grande figure de la Figuration Narrative cette fois, Jacques Monory, qui viendra à Lyon présenter des œuvres récentes ou historiques. Proches de l'objectivité photographique, ses toiles à forte dominante bleue, représentent généralement des scènes de meurtres, de violence ou de rues, aussi frappantes qu'énigmatiques.

Jusqu'à la nuit...

De la figuration libre ou narrative des années 1970 et 1980, on pourra ensuite passer allègrement par toutes sortes de tentatives de dé-figuration ou de mise sous tension de la figure... Avec par exemple une exposition consacrée à Jean Raine (1927-1986) à la galerie Chartier (du 22 janvier au 17 mars), artiste proche du groupe Cobra et qui vécut en région lyonnaise à la fin de sa vie. Son œuvre tremblée, trouble et hantée n'en finit pas de perdre le spectateur parmi ses entrelacs et ses apparitions fragiles. A la galerie Domi Nostrae, deux expositions à ne pas rater cette année : la mise en regard (du 25 février au 7 avril) des œuvres du dessinateur Christian Lhopital (invité à la dernière Biennale d'art contemporain) et de Frédéric Lecomte, connu pour ses papiers découpés et ses remontages d'images ; et une exposition collective autour du thème du pavillon de banlieue et de l'architecture urbaine (du 3 mai au 16 juin) réunissant Philippe Cognée, Marc Desgrandchamps, Jérémy Liron, Jean-Luc Blanchet... L'envers de la figuration comme l'envers du jour sera aussi l'une des dimensions de l'exposition organisée par Gwilherm Perthuis à la galerie Françoise Besson (du 26 avril au 5 juin) autour de la thématique de la nuit, avec Frédéric Khodja, Clément Montolio, Karine Hoffman, Eric Corne, Damien Deroubaix... Une exposition qui s'articulera avec la sortie du prochain numéro de la belle revue Hippocampe.

Jusqu'aujourd'hui

A l'URDLA (du 4 février au 13 avril), on attend avec impatience l'événement organisé autour de l'artiste et écrivain Onuma Nemon qui, à travers des dessins, des sculptures, des gravures, des photographies et un film, donnera quelques aperçus supplémentaires de sa vaste cosmologie. Celle-ci, aux confins de la science-fiction, de la poésie et de l'expérimentation littéraire, compte déjà quelque 20 000 pages manuscrites et a été partiellement éditée chez Tristram et Gallimard... Les amateurs de mythologies plus historiques pourront quant à eux aller au Musée des Beaux-Arts (du 30 mars au 2 juillet) découvrir l'Egypte antique d'Emile Guimet. Et ceux qui ne jurent que par l'art contemporain se diriger vers le Centre d'arts plastiques de Saint-Fons (du 11 février au 14 avril) où Audrey Nervi exposera des peintures réalisées à partir de photographies de raves, à la BF15 (du 3 février au 24 mars)où Thomas Léon et Guillaume Louot interrogeront des notions d'espace, et à la Salle de Bains (du 24 janvier au 10 mars) où la jeune Stéphanie Cherpin exposera ses étranges sculptures et installations, réalisées en général à partir de matériaux industriels.


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