Rendre visible ce qui est invisible ou caché, retourner la peau d'un espace public ou d'un centre d'art, bouleverser un certain état des choses ou du monde avec simplicité et une certaine "brutalité"... Telles sont quelques-unes des tâches artistiques que se donne l'artiste suisse Eric Hattan (né en 1955). A la BF15 (jusqu'au 21 janvier), il a tout simplement vidé tous les locaux existants de l'ensemble de leur ameublement et de leurs objets pour en faire des accumulations saturant les ouvertures de la galerie (vitrines, passages intérieurs...). On se ballade alors au milieu de curieux édifices verticaux composés de chaises, tables, matelas, bouteilles, téléviseurs, cafetières, étendages à linge, boîtes en carton d'archives, etc. Eric Hattan présente aussi, au beau milieu de ces édifices, quelques vidéos où on le voit à l'œuvre dans d'autres espaces d'exposition, perçant des ouvertures obturées, creusant quasiment des tunnels ou des terriers, sciant des cloisons, assemblant des emballages en plastique... «L'art n'est ni un produit ni une solution, mais un travail de transformation» déclare l'artiste, et celle opérée à la BF15 est tout à la fois efficace, drôle et déconcertante.
Jean-Emmanuel Denave