Pervertir la réalité


L'hyperréalisme trop lisse de Brann Renaud cache bien son jeu, sinon ses jouets. Le jeune peintre (exposé à la galerie Elizabeth Couturier jusqu'au 4 février) reproduit par exemple sur ses toiles des mises en scène de figurines, légos, poupées, sur une surface réfléchissante et baignées d'une nuit artificielle. Une série intitulée Les Nuits du chasseur, en hommage au chef-d'œuvre de Charles Laughton. Un indescriptible malaise en émane, quand ce n'est pas une angoisse franche et massive devant, par exemple, la vue rapprochée des bustes de deux poupées aveugles. Brann Renaud a été l'élève de Pat Andréa aux Beaux-Arts de Paris, artiste qui sait si bien mêler l'innocence à la luxure ou à la transgression et à la perversion (Pat Andréa expose d'ailleurs deux dessins dans la galerie en lien avec l'univers de Lewis Carroll). Brann Renaud part toujours de photographies pour composer ensuite des tableaux les plus réalistes possibles. Il présente d'autres œuvres récentes réussies comme cette femme à la robe chatoyante gisant sur le sol d'un parking souterrain, entourée de trois chats énigmatiques. Un liquide suinte d'une barrière rouge et blanche : du sang ? De la peinture ? Est-ce si différent ?
Jean-Emmanuel Denave


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