Jaar Jaar winks


Comment Jacques Martin se serait-il comporté face à Nicolas Jaar ? Aurait-il trouvé «formidable» ce fils de plasticien s'il lui avait raconté qu'à l'âge où ses camarades passaient leurs mercredis après-midi dans les piscines à balles du fast food du coin, lui poussait la porte des galeries d'arts ? Aurait-il insisté pour que tout le monde lui mette un 10 s'il avait expliqué, avant d'entonner un petit Portishead (entre autres chouchous familiaux), que sa ligne de conduite artistique lui avait été inspirée par Picasso et son obsession du désapprentissage ? À ces questions, nous n'aurons sans doute pas de réponses d'ici la fatidique prochaine Saint-Thomas. Tant pis, elles en disent en l'état suffisamment long sur ce cousin d'Amérique de James Blake qui, l'an passé, a publié l'un des disques techno les plus ambitieux qu'on ait entendu depuis que le genre a soufflé sa dixième bougie (en 1998 pour être précis). Ne serait-ce qu'avec ses notes de piano contemplatives (coucou Erik Satie), ses beats minimalistes (salut Ricardo Villalobos) et ses vocaux spectraux (hello les années 80), Space Is the Only Noise semble plus taillé pour les jeunes gens ordinaires que mettaient en scène les films estampillés Nouvelle Vague (Jaar aime bien sampler Jean-Luc Godard et Serge Daney) que pour les fêtards spartiates constituant le gros de la clientèle du label Underground Resistance. Reste à savoir si, en live, tout ça ne ressemblera pas à une performance germanique de seconde zone. Benjamin Mialot

Nicolas Jaar
Au Kao, vendredi 20 janvier


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Tradition et mix-cité