Raw Row


Redécouvert lors du dernier festival Lumière, Violences à Park Row (Park Row seulement, selon le titre original) est sans doute le film qui résume le mieux l'art de son réalisateur Samuel Fuller lors de son apogée créative des années 50-60. La première surprise, c'est de découvrir que bien avant Martin Scorsese, un autre metteur en scène américain s'était intéressé aux gangs de New York dans la dernière partie du XIXe siècle, peignant une Amérique encore tiraillée entre démocratie balbutiante la loi de la rue et du plus fort. Un cadre parfait pour Fuller, qui ne se prive pas pour en tirer quelques morceaux de bravoure cinématographique, grandes envolées en cinémascope noir et blanc où la violence explose à chaque coin du cadre. Mais ce n'est pas tout… Park Row est aussi une œuvre très personnelle au sens où son intrigue se situe dans le milieu du journalisme et de la presse “libre“, premier métier exercé par Fuller lui-même. Phineas Mitchell, son héros, est viré du journal pour lequel il travaillait ; il décide de lancer son propre titre, en révolutionnant les techniques d'impression mais aussi en bousculant à coups de révélations les pratiques éditoriales de son concurrent. Là encore, le sujet n'est pas tellement la volonté d'un individu incorruptible face à la pression de l'argent et des intimidations, mais la foi dans une liberté d'expression et d'information comme pilier de la démocratie libérale américaine. Derrière sa brutalité et la sécheresse très série B de sa mise en scène, Park row est un grand film humaniste. Christophe Chabert

Violences à Park row
à l'Institut Lumière, du 20 au 24 janvier


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