The Ward

John Carpenter (Metropolitan video)


On oscille entre joie et tristesse face à cette sortie directement en DVD du dernier film de John Carpenter (qui vient de fêter ses 74 printemps, tout de même), immense cinéaste dont la postérité aura vraiment commencé au moment où plus personne ne voulait de ses films (sinon pour en faire des remakes généralement idiots). Cela faisait neuf ans (si on excepte les deux segments de la série Masters of horror) que le maître n'avait pas tourné, et The Ward est plus un retour sur la pointe des pieds qu'en fanfare. Le scénario, pas très original, voit une jeune fille internée dans un hôpital psychiatrique où rôde une présence menaçante qui finit par trucider les pensionnaires. La délicieuse Amber Heard apporte au personnage ce mélange de féminité et de virilité dont Carpenter raffole (de Jamie Lee Curtis dans Halloween à Natasha Henstridge dans Ghosts of mars) et on ne doute pas que l‘existence du film doit beaucoup à cette rencontre féconde. Pour le reste, si on enlève une fin complètement ratée, il faut reconnaître que Carpenter a gardé une certaine maestria pour faire surgir l'angoisse d'un couloir vide ou d'une pièce plongée dans la pénombre. Force tranquille de travellings avançant lentement en focales courtes ou d'un découpage qui, soudain, fragmente l'espace en autant de zones de terreur ; Carpenter a inventé son propre classicisme, devenu la base de tout film d'angoisse, mais que personne ne sait manier avec une telle aisance. Aussi mineur soit-il, The Ward possède, à l'instar de certains Eastwood, le charme des films faits à l'instinct. Pourvu que Carpenter en tourne d'autres…

Christophe Chabert


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