3 petits Plus

Les enjeux esthétiques, thématiques et historiques de ce festival Puccini Plus qui, plus qu'une réunion de compositeurs et de talents, fait le portrait d'une époque artistique. Pascale Clavel


Les mises en scène

David Pountney a la charge de mettre en scène Il Trittico et a imaginé pour l'occasion un élément unique, décliné de façon souple sur les trois œuvres. Un seul conteneur pour l'ensemble du Trittico qui évoque un monde portuaire, avec ses chargements, ses déchargements et cette micro société qui l'anime dans Il Tabarro, qui représente aussi la maison, lieu du couple, de ses tensions, de ses amours dans Suor Angelica, et enfin qui matérialise la cellule de la religieuse dans Giani Schicchi. Quelque chose de simple mais de très fort. Un seul objet, une déclinaison multiple et parfois le propos devient puissant. Georges Lavaudant, qu'on ne présente plus, met en scène Une Tragédie Florentine et le jeune et talentueux John Fulljames s'occupe de Von Heute auf Morgen et de Sancta Susanna. Dans sa courte carrière, il a déjà travaillé avec David Pountney et vient d'être nommé directeur artistique à Covent Garden.

Une thématique contemporaine

Tous les thèmes de ces 6 opéras peuvent réellement parler à chacun, ils sont restés très actuels. «J'ai toujours voulu choisir dans les thèmes des Festivals une certaine résonnance avec l'actualité. J'ai toujours voulu donner une pertinence à leur thématique» explique Serge Dorny. Quant aux propos musicaux, les partitions de Zemlinsky et de Hindemith sont aussi faciles d'accès que les trois Puccini. Une Tragédie Florentine notamment est une véritable symphonie chantée. Le drame se passe sur le plateau mais aussi au sein même de l'orchestre, et la musique est d'un érotisme absolu. 

Le romantisme est fini

Rappelons que ce début de XXe siècle est une période passionnante, c'est celle des années 20, de l'entre deux guerres. Une période intéressante aussi sur le plan historique avec la Révolution russe. Dans le domaine artistique, c'est un grand chapitre qui se tourne : le romantisme s'épuise et dans tous les arts on voit surgir de nouveaux courants. Bien sûr, il reste des Puccini et des Richard Strauss qui continuent à défendre avec acharnement le romantisme, mais d'autres veulent aller à contre-sens où tout simplement ailleurs. L'impressionnisme, l'expressionnisme, le pointillisme, l'art abstrait émergent et veulent explorer d'autres langages. Certains seront éphémères comme le dodécaphonisme ou le sérialisme. C'est également une période où Freud et la psychanalyse arrivent, où le cinéma se déploie. On est à un croisement de plusieurs chemins. Tout devient possible et exaltant.


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