Young folk

Coqueluche lyonnaise depuis près de deux ans, Ronan Siri sort enfin son premier disque, "To be twin sides", un EP 6 titres qui témoigne de la belle évolution musicale de ce musicien autodidacte et annonce le meilleur pour l'album à venir. Stéphane Duchêne


Il y a quelques jours, Ronan Siri a posté sur le net une reprise d'Heart of gold de Neil Young. Un événement considérable quand on songe qu'il y a encore quelques temps, on moquait gentiment lors d'une discussion informelle le jeune musicien lyonnais, fan de Bon Iver ou Ray Lamontagne, qui avouait mal connaître ses classiques, dont Neil Young. La preuve s'il en fallait une que sa trajectoire de météorite n'a pas empiété sur l'évolution musicale du bonhomme. Tout commence avec l'envoi d'un morceau pour un concours musical comme il y en a des centaines, sauf que le prix est un peu particulier : «Ma maquette a été sélectionnée parmi 80 autres et j'ai gagné le droit de faire la première partie de Benjamin Biolay.». La fée Biolay flaire le talent et le prend alors sous son aile mais sans l'étouffer, sans même qu'une éventuelle collaboration ne soit envisagée comme c'est souvent le cas avec ce compositeur-producteur : «Benjamin", argumente Stéphane Thien, directeur artistique de BeMyEvents, éditeur et ange gardien du jeune musicien, "est conscient que Ronan a suffisamment de talent pour voler de ses propres ailes. Il sent un potentiel musical tel qu'il ne veut pas le déformer.» Très vite, Ronan multiplie les concerts, sa côte monte, il plaque ses études avant même de les entamer et en décembre dernier, le crispant Nagui l'accueille sur le plateau de Taratata, fenêtre d'exposition panoramique pour laquelle tout artiste tuerait père et mère (même ceux qui disent le contraire).

Happy Sunday

Et voilà donc un EP qui marque une autre étape de cette carrière en gestation. À l'écouter, on a d'ailleurs du mal à croire que l'auteur et l'interprète de ces six chansons finement arrangées n'a non seulement que 21 ans mais surtout à peine cinq ans de musique derrière lui (dont deux à faire le buzz). Little sweet shame undatrees et sa batterie militaire est un petit tube en puissance que ne renierait sûrement pas l'idole Ray La Montagne. Quant aux incantations plus musclées de Happy sunday (re-tube) ou au finale du EP sur 8 O'clock (idem), elles dévoilent un Ronan Siri que l'on avait parfois tendance à trouver un peu lisse et dont on attend justement qu'il lâche les chevaux et les guitares (comme sait si bien le faire Neil Young). En cela, il est plutôt bien entouré par des musiciens «plus vieux» venus d'horizons musicaux différents et qui savent se fondre dans son univers tout en l'élargissant : « L'avantage de Ronan, éclaire Stéphane Thien, c'est qu'à son âge, il s'ouvre à plein de choses et que ça se répercute immédiatement sur ces compositions». Ce que confirme l'intéressé :«C'est vrai que je suis de plus en plus ouvert à tous les genres de musique. Quand j'arrive en studio, avec mes morceaux, le groupe apporte forcément toujours quelque chose et je crois que pour l'album on ira vers un son plus rock et plus pop, pour s'éloigner un peu du folk ». Comme un certain Neil Young sait si bien le faire. Preuve que rien ne sert à rien. 


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