Nocturnes

Scénario et dessin : Clarke (Le Lombard)


Michael Bay bradant ses réserves de TNT pour autofinancer son premier marivaudage rohmerien. Justin Bieber enregistrant pour Sub Pop un disque de heavy psych. Epic Games retardant la sortie du prochain Gears of War pour développer un jeu de plates-formes conceptuel. Christian Audigier se donnant les moyens de décrocher un poste de directeur créatif chez Christian Dior. «Improbable !», «Je dirais même plus, impossible !», vous entend-on d'ici vociférer derrière vos moustaches en forme de consonnes. Et pourtant, c'est un virage aussi serré que vient de prendre le dessinateur Clarke avec Nocturnes. Comment ça qui ? Mais si, vous voyez bien, Mélusine, Mister President et Cosa Nostra, ces saillies premier degré option gros nez dont le jury du Festival International de la BD d'Angoulême se sert d'allume-feu pour la cuisson des farcis poitevins dont il se repait entre deux délibérations. Et ben c'est de lui. Ou plutôt c'était de lui, car désormais, on veillera à associer son nom à ce seul thriller introspectif, paru dans l'illustre collection Signé des éditions Le Lombard. D'abord parce qu'il s'y essaye au réalisme avec un allant et un savoir-faire qu'on ne lui soupçonnait pas. Ensuite et surtout parce que, s'arrogeant dans la foulée le versant narratif de la chose, il procède avec cette histoire (attention spoiler) d'écrivain confronté par ses personnages (oups, trop tard), tel le Stephen King de Vue imprenable sur jardin secret, à une saisissante (à défaut d'être originale, donc) mise en abîme de l'exercice scriptural.

Benjamin MIALOT


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