Chris Isaak - Beyond the Sun

(Warner)


Dans l'hypothèse, peu probable et peu souhaitable, où Hollywood se mettrait en tête de tourner une adaptation live de Futurama, la loufoque et caustique sitcom animée de Matt Groening, on verrait bien Chris Isaak tenir le rôle de Fry. Et ce pour une raison toute simple : comme le livreur gaffeur imaginé par le père des Simpsons il donne, depuis une vingt-cinq ans que sa carrière a débuté, l'impression d'avoir été victime d'une cryogénisation accidentelle et d'avoir sans trop se poser de questions repris sa vie là où il l'avait laissée. Congelé un millénaire, Fry a troqué sa mobylette pour une navette mais gardé la même paire de simili-Converse low top, le même jean, le même t-shirt blanc, le même coupe-vent rouge et la même mentalité régressive. Vraisemblablement mis au frigo au mitan des années 50, celui qui, en marge de ses activités de songwriter, incarna l'agent Chet Desmond dans le film Twin Peaks, porte trente ans plus tard la même banane profilée et les mêmes costumes de vendeur de bagnoles successful, a conservé sa voix de sixième membre du Rat Pack et ne s'est pas départi de son amour pour l'americana des origines, celle de Elvis Presley, Johnny Cash, Jerry Lee Lewis, Roy Orbison, Warren Smith, Carl Perkins, Jimmy Wages et Howlin' Wolf. Autant de légendes, pour la plupart emblématiques des années Sun, qu'il convoque sur ce double album de reprises avec une classe et une déférence sans pareil. Autant héritier que passeur, Chris Isaak est une magnifique anomalie.


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