Vintage pur jus d'Orange

Que ce soit dans son esthétique visuelle ou dans ses choix musicaux, il existe à Lyon un label musical qui défend une certaine idée du vintage lorgnant vers un âge d'or perdu de la pop : Echo Orange. Stéphane Duchêne


De la pop très 60's d'A-Song aux accents yéyé des Rebels of Tijuana, de l'univers 100% 70's de Fireball F.C. au girl group à l'ancienne Monkberry Moon Orchestra, on se croirait échappé d'une capsule spatiale qui nous aurait déposé à une autre époque, sur la planète des songs. Ou au bar de feu le Sergent Pop-Penny Lane-Plastic People puisqu'on pouvait y croiser jadis la plupart de ces gens, qui pour certains ont fait partie d'un groupe aujourd'hui disparu et devenu mythique pour une poignée de popeux lyonnais : les Rams, d'ailleurs présents sur la compile du label, Orange Juice. «Si Echo Orange existe et ces groupes existent aujourd'hui c'est aussi un peu grâce aux Rams, confirme Maxime Jacquard, directeur artistique d'Echo Orange. C'est un groupe que j'ai découvert il y a dix ans et qui m'a complètement bluffé à la fois par son talent et sa démarche esthétique."

Amplis à lampe et fétichisme

Pour Maxime Jacquard, ce parti-pris vintage «est une manière pour les musiciens de retrouver certaines valeurs musicales perdues. Au sein du label, il y a le fantasme de retrouver le son d'une certaine époque : un son chaud qui venait du matériel comme les amplis à lampe. Ce son-là s'est un peu perdu notamment avec l'arrivée du numérique. Maintenant, avec les réseaux sociaux, la dématérialisation de la musique, des concerts que je qualifierais de plus clean, on perd ce côté rock'n'roll, sexy et fantasmatique de la musique et de la pop star.» Mais dernière ce que l'on pourrait appeler une nostalgie musicale, se cache, et c'est plus surprenant, une manière de critiquer notre façon de vivre et de consommer : «Esthétiquement les années 2000-2010 sont à chier. On n'arrivera pas à me convaincre que les voitures d'aujourd'hui sont jolies. Dans les années 60-70, la plupart des objets étaient esthétiquement super chouettes.» Fétichisme ? "Oui forcément, quand tu compares un chouette vinyle qui sonne bien avec une belle pochette cartonnée, et les CD boîtiers cristal qui se pètent dans ton sac ou aujourd'hui le mp3, tu peux comprendre qu'il y ait une sorte de nostalgie pour les objets anciens. Mais l'époque actuelle est assez difficile pour pas mal de gens et il y a forcément aussi une forme de fuite à se plonger comme ça dans la nostalgie.» Celle d'une époque qui ne connaissait pas la crise, dont ce label s'échine à nous faire entendre les échos orangés et lointains.


Shes Fine (Fireball F.C) par DENNYLAINE


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