Anglais courant

À l'image de l'excellente programmation du Zola, Ciné O'Clock, sa semaine consacrée au cinéma britannique, fait une fois de plus bonne figure dans le paysage des festivals. Et en plus, on s'y amuse ! Christophe Chabert


Le cinéma anglais se portant bien, glanant oscars et golden globes à chaque hiver, le Ciné O'clock du Zola à Villeurbanne, idéalement placé début février, n'a qu'à cueillir ses plus beaux fruits pour les présenter à ses spectateurs. Transition facile ; avec Oranges and sunshine, présenté pour l'ouverture, comme l'année précédente avec Neds de Peter Mullan, c'est le canal historique Loach du cinéma britannique qui sera sollicité. Et pour cause : son réalisateur, Jim Loach, n'est autre que le propre fils du grand Ken, et le sujet de son film, la déportation par le Royaume-Uni de 30 000 enfants défavorisés vers l'Australie, aurait tout à fait pu convenir à son paternel. L'héroïne qui révèle le scandale, c'est l'enthousiasmante Emily Watson, et cette avant-première sera sans doute un des temps forts de la semaine. Comme s'il fallait rétablir l'équilibre gauche-droite, Ciné O'clock se terminera par la projo de La Dame de fer de Phillyda Lloyd, bio filmée de Margaret Thatcher incarnée par l'incontournable Meryl Streep — et boum, une nomination aux oscars ! Bio fort contestable selon nos services, puisque la réalisatrice du pitoyable Mamma Mia ne remet jamais en question la politique thatchérienne, trop occupée à vanter le courage d'une femme seule contre tous. On verra aussi ce que donne Albert Nobbs, où Glenn Close se fait passer pour un homme afin de trouver un travail dans la société dublinoise de la fin du XIXe siècle — et boum, une nomination aux oscars ! Là encore, méfiance face au cinéaste derrière la caméra, Rodrigo Garcia ayant sombré dans les abîmes du néant filmique après des débuts plutôt pas mal.

Listen and Lean

La belle surprise de ce Ciné O'Clock, c'est l'hommage à David Lean qui lui sert de volet "patrimoine". Hommage où seront montrés les deux chefs-d'œuvre que cet immense cinéaste, souvent réduit à ses grandes fresques hollywoodiennes (au demeurant admirables, et sans lesquelles Steven Spielberg ne serait peut-être pas ce qu'il est), a adapté de Charles Dickens : Oliver Twist et De grandes espérances. Difficile de faire une semaine de cinéma anglais sans importer un peu de l'ambiance britannique : rock et festive. Pour cela, il y a la séance musicale du festival, avec d'abord l'intrigant Rock'n'love de David MacKenzie (My name is Hallam Foe, et bientôt Perfect sense avec Ewan MacGregor et Eva Green), tourné en quatre jours pendant un festival rock écossais ; ensuite place à l'incontournable Blind test animé par le délirant Dj Stéphane et son acolyte Harry Cover. Votre serviteur et son équipe y remettront leur titre gagné l'an dernier en jeu. À bon entendeur…


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