La bourse ou la soif


Alors que les cours de la bourse sont devenus familiers même à un citoyen n'ayant jamais eu plus de 500€ sur son compte bancaire, au point qu'il finit par croire que sa vie en dépend, il était normal que le milieu de la nuit se mette au goût du jour et invente un bar qui scotche ses clients à un écran plat indiquant les variations du prix des consos. Pas très convivial, a priori… C'est ce qu'on se dit en rentrant à l'Adresse passé 23h (avant, le lieu est un restaurant cosy à la cuisine sophistiquée), et il faut effectivement un temps d'acclimatation au concept. Toutes les quatre-vingt-dix secondes, l'écran en question vire au noir et les prix bougent, à la baisse ou à la hausse. Il faut donc adopter une stratégie : soit se fixer sur une boisson (exemple : le Mojito), et attendre patiemment que le cours décroisse ; soit être réactif et faire à chaque mouvement le tour complet de la «carte» pour se jeter sur les bonnes affaires. Les deux ont un inconvénient : on finit toujours par s'impatienter et se dire, «bah, 7, 50€ le Mojito, c'est quand même mieux que 10…». Et bing, au coup d'après, celui-ci est passé à 6€. Inconvénient de la deuxième solution : à force de faire des mélanges en achetant tout ce qui touche le prix plancher, on finit fatalement par ne plus trop savoir ce qui monte et ce qui baisse. Du coup, la convivialité s'installe, et cette petite guerre entre spéculateurs nocturnes s'avère aussi addictive que l'alcool lui-même. Ce qui, pour peu qu'on garde un peu de capacité d'analyse, explique mieux la folie boursière qu'un an d'éditos signés Jean-Marc Sylvestre.

CC

L'Adresse
41 quai Pierre Scize, Lyon 9e


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