Southern (in)confort


Jamais avare de surprise en ce qui concerne ses concerts «coups de cœur» le Kafé ajuste son concept en concert «coups de boule», suivi d'un tabassage au tesson de bouteille sous des néons clignotants façon Titty Twister (le bar à vampires d'Une Nuit en enfer) ou Double Deuce (le dancing bourre-pif de Road House). En lieu et place des Buffalo Killers promis, des remplaçants de choix : les Left Lane Cruiser, estampillés hillbilly punk blues. Autant dire que ça fleure bon le redneck consanguin prêt à vous découper au fond de sa cave au nom du Christ ou du Southern Comfort, le célèbre rince-cochon local, hautement inflammable. Left Lane Cruiser ou le genre de musique jouée pied au plancher – sur la pedal steel – en roulant à gauche. Non pas parce qu'on aurait adopté les mœurs de conduite anglaises mais parce que dans l'état (et l'Etat) où l'on se trouve, on a du mal à situer la ligne blanche. Et on ne parle pas de la rouge. Celle qu'ont choisi de franchir allègrement deux purs produits de Fort Wayne, Indiana, ancien fief historique de General Electric – ce qui explique le côté très en tension, limite Massacre à la Tronçonneuse électrique de la chose – amoureux de musique sudiste et pensionnaires de l'un des fleurons du genre, Fat Possum, le label d'Oxford, Mississippi. Au niveau des thématiques du chaudement recommandé Junkyard Speed Ball, c'est à l'avenant : il est question de perdre la boule, de ferme porcine (Pig Farm, étonnamment émouvant), d'herbe et de bibine, et c'est beau comme un surlendemain de cuite. Bref, c'est le Suuuud !
Stéphane Duchêne




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Ubu prisonnier