De Nada


Voilà un groupe qui ne nous rajeunit pas. Quand on a eu vingt ans (avec des poussières en plus ou en moins) à la sortie de Popular (1996) l'énorme hit qui les a lancé un peu trop haut, les entendre chanter When I Was Young – une sublime petite balade folk indé qui s'achève en reflets shoegaze – sur leur dernier album, on est presque tenté d'aller se compter les cheveux gris à la salle de bain. Le groupe de New York lui n'a pas changé. C'est ce qui a fait qu'il ne nous a jamais quitté, et aussi qu'on parfois cessé d'y prêter attention. Le paysage musical, lui, n'est pourtant plus le même depuis l'époque du College Rock, déjà périclitant, qui a fait émerger le groupe avec une poignée d'autres formations cousines (Weezer, Fountains of Wayne...) et les Nada Surf ont connu des hauts et des bas discographiques comme le prophétisait le titre de leur premier album High/Low. Mais le groupe n'en a jamais eu cure, et là encore le titre de ce dernier album le prouve : The Stars are indifferent to Astronomy. Quand on est monté si haut, qu'on a été si Popular, on ne regarde pas en bas. On fait de la power-pop comme beaucoup n'en font plus, on n'est plus à la mode mais jamais vraiment démodé, et quand on a un coup de moins bien, on sort des albums de reprises – le palindromique If I had a Hi-fi. Car oui, en plus Nada Surf est l'un des meilleurs groupes de reprises au monde, qu'il faudrait pouvoir inviter à son mariage pour passer de Depeche Mode aux Pixies ou de – sacrés francophiles – Coralie Clément à... Indochine (on a fini par leur pardonner cette faute de goût parce qu'ils ont rendu L'Aventurier quasiment écoutable). Si on aime tant Nada Surf, alors qu'on ne devrait plus, c'est qu'en nous semblant éternel, il nous distille un peu de son immortalité.
Stéphane Duchêne


 


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