Fragments d'un dialogue amoureux


À droite, les photographies noir et blanc de Perrine Lamy-Quique. À gauche, celles en couleurs de Sébastien Berlendis (à la Bibliothèque du 1er arrondissement, jusqu'au vendredi 17 février). Soit le dialogue amoureux de deux artistes ayant voyagé ensemble à travers l'Europe... Dialogue inscrit sous le titre des «limons» où l'on pourra entendre quelque terres et corps clairvoyants selon la formule du poète Jacques Dupin ; ou bien, pour s'amuser un peu, «mon lit», celui que partagent Perrine et Sébastien ou celui que ne peuvent partager Echo et Narcisse dans la fable pleine d'images d'Ovide. Car après tout, des lits nous en trouvons beaucoup : corps nus au milieu de draps défaits ou bien couches vides, voire grabat au milieu des gravats... L'absence, la disparition hantent le travail des deux photographes, comme l'esthétique de la ruine et du fragment. Flous, surexpositions, ciels prépondérants, trouées de lumière constituent la «palette» de Berlendis. Bougés, lèpres murales, ombres, grain, contrastes expressionnistes celle de Lamy-Quique. Le style de cette dernière semble tout droit sorti des œuvres de Michael Ackerman ou d'Antoine d'Agata qui eux-même se sont copiés l'un l'autre. Et après tout, quelle importance, quand l'écho artistique s'avère réussi et amoureux...
Jean-Emmanuel Denave


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