Un roman américain

Stephen Carter (Robert Laffont)


Après La Dame Noire paru en 2009, Stephen Carter poursuit sa description méthodique de la haute société noire avec ce Roman américain. Véritable immersion au cœur du Harlem bourgeois, il nous révèle comment, des années 1940 à la fin des années 1960, les hauts représentants de la communauté afro-américaine exerçaient une réelle influence politique jusque dans les couloirs de la Maison Blanche. Et pour cause. Été 1952, vingt hommes présentés comme l'élite de la nation se réunissent dans le plus grand secret autour d'un projet diabolique visant à manipuler les futurs présidents des États-Unis et à « planifier un crime immense, audacieux et stupide, au nom de la construction d'une Amérique meilleure. » Deux ans plus tard, le jeune écrivain noir Eddie Wesley trébuche sur le corps d'un avocat blanc dans un riche quartier résidentiel de Harlem. Le cadavre serre dans ses mains une mystérieuse croix inversée. Alors qu'Eddie devient gênant en menant une enquête où peu à peu il met en lumière des liens, des connections entre la bourgeoisie noire et les Républicains soutenant la ségrégation raciale, sa sœur Junie disparaît sans laisser de traces. Se lançant à sa recherche, il découvre peu à peu que « Harlem a ses secrets. Des secrets qu'il ne livrera pas sans se battre » car « Harlem n'est pas seulement un quartier […] C'est une idée. Voire une idéologie. Une force » à laquelle on ne peut pas « chercher des noises » et qui « rend œil pour œil ». Dans cette quête palpitante s'étalant sur plus de vingt ans et qui emprunte à la fois au thriller politique, au roman policier et à la saga familiale, Stephen Carter dévoile les arcanes obscurs des coulisses de l'Histoire et du pouvoir de l'Amérique des sixties.

Gaël Dadies  


<< article précédent
Podcast / Entretien avec Pierre-Laurent Cassière