Léon mont(r)e le son


Dans le cadre de la Biennale Musiques en scène 2012, le jeune artiste parisien Thomas Léon (né à Dijon en 1981) présente deux œuvres plastiques et sonores à la BF15. La première, massive et noire, se veut un hommage à Kasimir Malevitch et à ses «architectones». Ces dernières étaient des volumes, sans fonctionnalité aucune, composés de modules géométriques simples. Dans le centre d'art, la sculpture de Thomas Léon est échouée à même le sol, comme une sorte d'épave sur une plage imaginaire, et diffuse à travers une quinzaine d'enceintes huit pistes de son faits essentiellement de craquements synthétiques. Aux murs, un autre artiste, Guillaume Louot, présente plusieurs monochromes noirs inspirés de la pièce de Thomas Léon... Dans une seconde salle, l'artiste présente une vidéo numérique (réalisée à partir de programmes info-graphiques) inspirée de quelques notes du cinéaste Sergueï Einsenstein pour un film non réalisé, Glass house. Une caméra virtuelle tourne lentement, et de bas en haut, autour d'un bâtiment utopique d'une hauteur vertigineuse, composé essentiellement de verre et de béton. La musique cristalline accompagnant le film est jouée sur un drôle d'instrument, un Cristal Baschet, instrument datant de 1952 et fait de tiges de verre que l'interprète frotte avec ses doigts. Entre modernité et science-fiction, Thomas Léon signe une fois encore une très belle vidéo, doucement inquiétante.
Jean-Emmanuel Denave


<< article précédent
Questions sur le monde