«Fabrique d'émotions impures»

Cette nouvelle Biennale où la création se veut multiple et conviviale propose une certaine continuité mais sait également offrir quelques nouveautés qui vont faire un peu de bruit, ou beaucoup. Pascale Clavel


On va boire et manger. Subversif ? "Il me plait à rappeler que pendant les opéras de Mozart – que l'on écoute aujourd'hui si religieusement – on mangeait comme des goulus, on buvait plus qu'il ne faut et on parlait si fort que le spectacle semblait parfois être au lointain". Damien Pousset est un provocateur poli, un érudit populaire, un briseur de rêves pour ces fameux «entre soi» qui voudraient une musique contemporaine sérieuse et faite pour un petit nombre. «État second», voilà le thème choisi pour cette édition 2012, un fil d'Ariane, à débobiner dans tous les sens. L'état second est-il celui dans lequel nous serons tous après avoir assisté aux différents concerts ? Plutôt l'état dans lequel nous nous trouverons pendant les soirées et les afters ? Serait-ce enfin cet état second des réécritures, des arrangements, des influences, des réutilisations que cette nouvelle génération de compositeurs décomplexés met en avant ? Damien Pousset défend ces jeunes compositeurs qui recyclent, «insèrent leur propre travail dans celui des autres. Il ne s'agit plus pour eux d'élaborer une forme à partir d'un matériau brut mais de travailler avec des objets déjà en circulation…».

Comme aux puces

Des petits-déjeuners, des «midis», des apéros, des soirées, des afters, des installations, des hors les murs, une journée Take Awak. Le tournis ? Tant mieux, la création est multiple et vivante. Parmi les nouveautés à ne pas manquer : Le jardin des sensations, une installation poétique, sonore et sensuelle à découvrir dans la cour et les jardins du Musée Gadagne. Du 1er mars au 19 mai, c'est un voyage hors du temps que les curieux pourront savourer : un banc des amoureux, un arbre à frôler, un porte-cadre et un miroir invisible. Une balade sensorielle imaginée par Alexandre Lévy où chacun peut traverser les sons, voir et toucher ce jardin en mouvance. La journée Take Away ressemble quant à elle à un marathon à travers la ville. De 11 heures à 23 heures, avec de bonnes chaussures et une envie démesurée de tout entendre, une multitude de concerts s'offrent aux passionnés comme aux curieux. La journée commence par une Performance piano, électroacoustique et vidéo au Musée Gadagne, pour se terminer aux Subsistances avec une œuvre de Pierre Jodlowski pour dispositif électronique et jongleurs, tout en passant par le Théâtre des Ateliers, l'Opéra, le musée des Beaux-Arts et l'église Saint-Paul.


<< article précédent
Hugh Laurie sur la scène de Jazz à Vienne