Vagues à lame


À ceux que la trajectoire de plus en plus mainstream et les chemises à fleurs d'Herman Düne désespéreraient depuis le départ d'André, le frère incorruptible ; à ceux qui regrettent que les Moldy Peaches, Hefner ou les Modern Lovers de Jonathan Richman (bientôt dans nos salles) n'existent plus ; à ceux qui attendent avec une impatience eczémateuse le prochain album de Coming Soon (qui ne devrait pas tarder, lol), on conseillera l'écoute du groupe The Wave Pictures. Lequel entretient avec le groupe annécien quelque amitié musicale (de même qu'avec André ex-Herman Düne).

Non pas qu'il s'agisse avec Wave Pictures de la découverte de l'année. Il y a une dizaine d'années que le groupe de Wymesmold, petit trou anglais qui semble sorti du monde d'Harry Potter, roule sa pop-folk bosselée et basse fidélité au long d'une interminable discographie.

Comme ses compagnons de jeux, The Wave Pictures ne sait tellement pas quoi faire de son intarissable inspiration que, faute de multiplier les projets, il aligne les albums (à raison d'un à deux par an, sans compter les collaborations ponctuelles) histoire d'avoir – comme on achète un nouveau rangement chez Ikéa – quelque part où ranger ses chansons, petite ritournelles rêches et entêtantes, drôles mais jouées sur le ton de la tristesse, à moins que ce ne soit l'inverse.

Ce en quoi le groupe, qui en est pourtant bien éloigné esthétiquement, rappelle un peu ses compatriotes des Smiths : dans cette manière d'accoler humour (noir) et mélancolie adolescente. Rien de plus normal : comme tout les groupes précités The Wave Pictures semble avoir du mal à redescendre de cette vague grisante d'une adolescence prolongée devenue lame de fond (de commerce ?).
Stéphane Duchêne



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