Pendant ce temps, au Kao


Slint interprétant Spiderland, pierre angulaire du post-rock, de la première à la dernière note. The Pixies faisant de même avec Doolittle, concentré de fureur juvénile qui, plus de vingt ans après sa sortie initiale, continue d'influencer tout ce que les États-Unis comptent d'indie rockeurs en chemises à carreaux. Bruce Springsteen jouant l'intégralité de Born to Run, mètre-étalon du rock prolo. Et bientôt Metallica déroulant la partition de son brutal et romantique Black album. Depuis que le festival All Tomorrow's Parties a expérimenté la chose avec ses soirées Don't Look Back (où même Ennio Morricone s'est prêté au jeu), la recréation scénique de classic albums est devenue une tendance lourde du marché de la musique live. Si les intentions sont parfois aussi peu honorables que celles présidant aux rabibochages de vieilles gloires, il faudrait être le dernier des pisse-froid pour ne pas s'en satisfaire, les disques concernés n'étant pas juste des entrées de discothèque idéale mais de véritables fossiles d'une époque où la maltraitance de conventions était encore porteuse de sens. Ne soyez pas étonnés, dès lors, de nous voir cramponnés aux retours du New-yorkais Page Hamilton tel un tyran à son trône lorsque, avec le reste d'Helmet, il soufflera sur la scène du Kao la vingtième bougie de Meantime. Ce sera le 13 mars prochain et on vous assure façon Matmut que ce chef-d'œuvre d'âpreté noisy qui, dans l'ombre du grunge, changea avec culot et fermeté la face des musiques (très) amplifiées, n'a pas pris une ride.
Benjamin Mialot


<< article précédent
Indignados