Robes de Marie


«Seul un univers où les morts ressuscitent peut admettre que coït et plaisir se nouent… Le plaisir sexuel est une invention judéo-chrétienne», écrit Jean-Claude Milner dans Clartés de tout. Avant de pouvoir entendre l'intellectuel et ses vertigineux rapprochements entre fondements chrétiens et sexualité lors des prochaines Assises du Roman, il est peut-être judicieux de ne pas dénuder trop vite nos soubassements culturels et nos figures tutélaires. En particulier la Vierge que le Musée des Tissus a la bonne et pudique idée d'exposer habillée (jusqu'au dimanche 25 mars), et même parfois habillée par les plus grands : les couturiers Franck Sorbier ou Jean-Charles de Castelbajac par exemple. Ce dernier l'a revêtu d'une «Battle dress» aux motifs de camouflage militaire, au cas où, sans doute, il faille à nouveau que Marie s'en aille en guerre. Plus sérieusement, ces créateurs poursuivent ici une tradition ancestrale, datant de quelque 650 ans, où en Allemagne, en France ou en Espagne, pour des raisons de superstition et de dévotion, on habille les statues de la Vierge de robes aux tissus et soieries brodés d'or et d'argent, rehaussés parfois de perles... L'exposition «Icône de mode» rassemble un grande nombre de ces parures majestueuses de différentes époques.

Jean-Emmanuel Denave


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Un demi siècle de lumières