Femmes libérées


D'après la biographie de Still Corners, Greg Hughes et Tessa Murray, le producteur new-yorkais et l'interprète londonienne à l'origine de ce projet, se sont rencontrés et acoquinés sur le quai d'une station de métro (celle de London Bridge, avis aux pèlerins). Ne vous laissez pas avoir, la vérité est à des lieux de cette invraisemblable romance Lelouchienne. C'est en effet, nous en avons l'intime conviction, sur les bancs de l'amphithéâtre d'une fac de science des rêves que ces deux-là se sont trouvés. La même que celle fréquentée en leur temps par la regrettée Trish Keenan et ses petits camarades de Broadcast. Comme les auteurs de Tender Buttons, Greg et Tessa y ont appris, lui via une option shoegazing, elle grâce à une spécialisation en ambient pop, à baigner une guitare dans la reverb sans la noyer et à chanter comme une dryade déracinée, avant de se faire mettre à la porte en raison d'une passion jugée inappropriée pour le cinéma bis italien. Reflet de ce cursus en clair-obscur, leur tour à tour éthéré et brumeux premier album est aussi sublime qu'inquiétant. On en recommande de fait l'écoute muni d'un oreiller et d'un doudou, à la maison comme à la scène. Et puisqu'on parle des Femmes s'en Mêlent, car c'est dans le cadre de ce festival décentralisé que se produira Still Corners, notez la venue une semaine plus tard de Mirel Wagner. Dans son cas, préparez plutôt mouchoirs et kits anti-suicide, les folk songs à fleur d'os de cette éthiopienne à la voix de captive étant de celles qui fissurent les carapaces.
Benjamin Mialot
 

"Les Femmes s'en mêlent"

Still Corners + Ladylike Lilly
À l'Épicerie Moderne,  jeudi 22 mars

My Brightest Diamond + Mirel Wagner + Mensch
Au Transbordeur, samedi 31 mars


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