The W(izz)ard


Qui est vraiment M(atthew Stephen) Ward ?

À force de le voir acoquiné avec ce qui se fait de mieux en matière de fille/chanteuse/actrice (Zooey Deschanel au sein de She & Him), de super musiciens rassemblés façons Avengers – au sein des bien nommés Monster of Folk ou du beaucoup plus nébuleux projet Arizona Amp & Alternator –, ou de jouer les musiciens de complément, on en viendrait presque à oublier que Ward trimballe une œuvre en solo conséquente et parsemée de classiques tels que Post-War ou Hold Time.
Laquelle devrait se prolonger de la plus belle des manières avec la sortie, le 10 avril, d'A Wasteland Companion, dont les échos sont comme du miel à nos oreilles.

Dans les mains de M. Ward, la musique du passé, dont il se nourrit goulûment, est comme transfigurée. On en avait eu un bel aperçu sur Transfiguration of Vincent alors qu'il métamorphosait en merveille folk le putassier tube 80's de Bowie, Let's Dance (inversant ainsi les proportions d'un Bowie au sommet des charts mais dans les abîmes de l'inspiration).

La transfiguration, c'est bien ce qui caractérise le mieux le caméléon M. Ward, et précisément ce qui le rend insaisissable. Se contentant d'être pour un instant T de pure grâce, la musique qu'il est en train de jouer, qu'elle soit la sienne, ou celle d'un autre.

C'est sans doute pourquoi Matt Ward laisse la plupart du temps son prénom se réduire à une lettre, quand son nom signifie à la fois «salle» (où l'on peut accueillir bien du monde) et «tutelle». Comme celle que son talent lui permet d'exercer à lui seul sur tout un pan de la musique américaine.
Stéphane Duchêne



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