Ça va cogner !


Ceux qui, dans un moment de distraction, n'auraient pas suivi le principe de la programmation cinéma de Quais du Polar à l'Institut Lumière cette année, risquent d'être surpris d'y trouver Docteur Folamour et Fight club. Il est vrai que ces deux films n'ont pas grand-chose (sinon rien) à voir avec le genre policier, même pris dans son sens le plus large. Éclaircissement nécessaire : les invités littéraires ont eu cette année carte blanche pour présenter un film de leur choix, polar ou pas, et c'est ainsi que les chefs-d'œuvre de Kubrick et Fincher seront commentés par, respectivement, Dan Fante et S. J. Watson le samedi 31 mars. Un amusant raccourci pourrait d'ailleurs les réunir, la charge explosive et brutale contre la société de consommation signée David Fincher trouvant quelques échos dans la satire mordante de la guerre froide orchestrée, trente-cinq ans avant, par Stanley Kubrick, ne serait-ce que dans leur peinture au vitriole d'une Amérique où la folie destructrice se loge au cœur du système (démocratique chez Kubrick, nerveux chez Fincher).

Les autres chapitres de cette programmation verront Michael Connelly présenter La Défense Lincoln, drôle de film tiré d'un de ses romans et sorti au moment de l'affaire DSK, et non sans rapport avec celle-ci, tandis que Bertrand Tavernier et Morgan Sportès feront cause commune pour parler de L'Appât, que le premier a réalisé d'après un livre du second, où l'on apprenait que si certaines personnes tuaient des gens, c'est parce qu'ils avaient trop regardé Scarface — Laure Manaudou en a donné une variation récente avec les jeux vidéos, comme quoi, le film n'a pas dû vieillir !

Enfin, pour ceux qui préfèrent les leçons de mise en scène aux leçons de morale, recommandons chaudement À bout portant (choisi par Tim Willocks), non pas le médiocre thriller de Fred Cavayé, mais l'extraordinaire série B de Don Siegel, avec un Lee Marvin iconisé jusqu'au bout des Ray-Ban.
Christophe Chabert


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