Vote noir

Retour aux sources du polar noir américain pour la 8e édition des Quais du Polar en cette année électorale des deux côtés de l'Atlantique. Avec les États-Unis comme invité d'honneur, la présence exceptionnelle de Michael Connelly et un programme foisonnant mêlant polar et politique, le nouvel opus de ce festival promet une immersion dans les arcanes du roman noir et ses univers parallèles. Gaël Dadies


Du 30 mars au 1er avril, la planète polar se donne rendez-vous à Lyon le temps d'un week-end pour vivre au rythme d'une nouvelle édition du festival Quais du Polar. En cette année électorale, aussi bien en France qu'en Amérique, la programmation met à l'honneur les États-unis. Avec une quinzaine d'auteurs présents sur les soixante-dix attendus, cette délégation américaine compte dans ses rangs quelques maîtres de la discipline. Et pas des moindres : Michael Connelly, invité vedette de cette édition 2012 et qui vient pour la première fois au festival où sera présenté en avant première son prochain roman à paraître au mois de mai, Volte face ; Craig Johnson, dont les divers romans, parmi lesquels le très remarqué Little Bird, nous entraînent pour des enquêtes dans les contrées paumées du grand Ouest américain ; Donald Ray Pollock, auteur du sombre et violent Le Diable tout le temps ; Patricia Mac Donald, Dan Fante… Le Palais du Commerce, centre névralgique du festival depuis trois ans, accueillera des conférences faisant la part belle à une analyse de la société américaine à travers le filtre du roman noir ; conférences durant lesquelles ces romanciers auront l'occasion de nous confier leur vision de l'Amérique à la fin du mandat de Barack Obama, de son action à la Maison Blanche, des primaires républicaines et de la prochaine campagne électorale. Tout particulièrement lors de la conférence «Pavés noirs pour la Maison blanche : les auteurs américains face aux élections» qui se tiendra à la Chapelle de la Trinité. Pour saisir dans son ensemble une société américaine à travers sa diversité, ses mégalopoles et ses déserts, ses contradictions ou sa violence, de nombreux débats aborderont des sujets tels que «Côte est, côte ouest, Bible belt et grands espaces : les visages de l'Amérique» ; «Histoire et histoires de la violence aux USA», pour tâcher de comprendre ce phénomène et la manière dont il est traité dans les œuvres de fiction ou «Les USA à toute berzingue», sur le mythe de la route et de l'errance à travers le continent façon Jack Kerouac autour de Bernard Benoliel et Jean Baptiste Thoret, auteurs du superbe Road movie, USA et Willy Vlautin (Plein Nord).

Des pistes multiples

Représentatif de l'aspect mondial de la littérature noire, Quais du Polar accueillera l'Argentin Carlos Salem, le Néo-Zélandais Paul Cleave, dont les deux forfaits, Un employé modèle et Un père idéal, ne sont pas passé inaperçus ou le Sud-Africain Deon Meyer. De son côté, le roman noir du Vieux Continent ne sera pas en reste avec John Connolly, Philip Kerr, Maxime Chattam, Didier Daeninckx ou Elsa Merpeaux, lauréate 2011 du prix du Roman noir Nouvel Obs/BibliObs pour Les Yeux des morts. Viscéralement engagé socialement et politiquement, ancré dans une réalité lui servant de matière première, le polar hexagonal, à la saison des élections, se penchera sur la campagne présidentielle à l'occasion de «Aux urnes ou dans la rue : les auteurs français face aux élections présidentielles». L'aspect social du roman noir sera également abordé pendant les conférences «Quand les laissés pour compte ont voix au chapitre» et «Dire et faire contre le racisme : le polar contre les boucs émissaires». Tandis que Morgan Sportès, Romain Slocombe et Mikaël Ollivier débattront sur la réappropriation des faits divers par les écrivains à l'heure des mass media sur le thème «De la chair à la fiction : quand le roman met en scène des faits et des personnages réels».

Sang neuf et sang d'encre

Quais du Polar sera également l'occasion de découvrir, lors de la conférence «Les nouvelles voix du polar européen», de jeunes auteurs talentueux tels que l'Espagnol Victor del Arbol (La Tristesse du samouraï) et le Britannique S. J. Watson, dont le roman Avant d'aller dormir (à ne pas lire justement à ce moment là) est un immense best seller. À noter également pour les admirateurs et les lecteurs compulsifs de ces romans noirs venus du Nord, la présence du Danois Jussi Adler-Olsen, et le retour sur le festival de Arnaldur Indriadson, virtuose du polar islandais qui viendra parler de Betty, son dernier ouvrage publié en France et déjà salué comme un chef d'œuvre. Préparez-vous à un week-end classé noir.


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