Fruit de la Passion


Des versions de La Passion selon Saint-Jean de Bach, on en trouve à la pelle. Des interprétations vraiment très bonnes, certaines moins subtiles, d'autres qui auraient dû s'abstenir de voir le jour. Pour celle qui arrive au Festival de Musique Baroque de Lyon, une concentration de spécialistes se sont réunis. Un plateau exceptionnel, une configuration rêvée pour entendre un drame d'une profondeur musicale et humaine d'une rare intensité.

Tout d'abord, Christoph Prégardien à la baguette et l'on sait tout à coup que le sens théologique comme l'interprétation musicale vont aller bras dessus, bras dessous, en osmose complète, de la première à la dernière note. Il connaît de l'intérieur toute la complexité de cette Passion puisqu'il l'a chantée sous la direction des meilleurs chefs baroqueux de Herreweghe à Kuijken en passant par Jacobs. Prégardien a fait sa cuisine, le Nederlands Kamerkoor et Le Concert Lorrain vont sonner ensemble ; le choc de deux entités fortes pour un moment de musique puissant et bouleversant.

Andreas Scholl, Haute-Contre à l'élégance vocale qui résiste au temps, fait partie de la distribution. Lui, la star des années 90 dont on comparait la voix à celle de Robin Gibb, chanteur des Bee Gees. Quant à l'œuvre, entre récitatifs et airs, c'est une montée en puissance vers Pâques qui se raconte. Une belle réflexion sur le sens de la vie et sur le pardon.

Pascale Clavel


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