Forte fièvre


De Lars Noren, on connaît les pièces, fréquemment données à voir. Aux Célestins, on le découvre en metteur en scène d'une œuvre écrite par Wallace Shawn, un comédien habitué des plateaux de Woody Allen (Manhattan, Radio Days, Ombres et brouillard, Le Sortilège du scorpion de jade, Melinda Et Melinda) et des séries US, mais qui s'est également fait connaître par l'écriture de pièces de théâtre sur des sujets politiques. Comme Fièvre. Un long monologue où il est question d'une New-Yorkaise aisée qui trouve devant sa porte un cadeau étrange, un exemplaire du Capital de Karl Marx, dont elle va entamer la lecture, un soir de désœuvrement dans un hôtel à l'étranger. Une lecture qui va bouleverser l'existence de cette privilégiée qui découvre soudain l'injustice économique et le gouffre qui sépare ceux qui possèdent tout du reste du monde. Pour endosser le rôle de cette femme naïve qui découvre la vie, c'est Simona Maïcanescu qui a été choisie. Une contrainte a été imposée à la comédienne : transmettre sa fièvre intérieure aux spectateurs, sans se déplacer. Sur le plateau, seules ses mains s'agitent, vainement, sans doute pour montrer qu'elle a, comme beaucoup d'autres, choisi de ne pas bouger. La grande qualité de Maïcanescu est de faire disparaître l'artifice. Son léger accent, sa subtilité, font oublier la comédienne pour ne voir sur scène que la femme, Candide moderne plus attachante qu'agaçante. Si le texte, écrit pour titiller la mauvaise conscience de l'Amérique, n'énonce rien de bien nouveau, il est pourtant séduisant de l'entendre par la bouche d'une actrice magnifique.
Dorotée Aznar


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¡ E viva Frida !