Attraper un Wruhme


«Remixeur prolifique et producteur de génie, cet Allemand est un acteur essentiel du monde des musiques électroniques». Voilà, à un ou deux adjectifs près et quand il n'est tout simplement pas écrit «biographie à venir», ce que le sensément tout-puissant Internet nous balance quand on lui demande des informations sur Gabor Schablitzki. Pas mal pour un type dont la carrière a débuté en 1998 et qui, en dépit de sa tronche de panda, de son nom d'inventeur de machines à rétrécir les gosses et de ses pseudonymes vraisemblablement inspirés par l'industrie automobile teutonne des années 60, est considéré en 2012 comme l'un des ambassadeurs les plus iconoclastes de la scène minimal.

À défaut de données empiriques, le moyen le plus simple de relier les deux dates est encore de s'en remettre au son. En l'occurrence à celui couché l'an passé sur Thora Vukk, son deuxième album sous le nom de Robag Wruhme, dont la sublimité saute aux oreilles comme l'odeur d'Ulysse sauta au rhinarium de son fidèle chien Argos. Nul besoin en effet de remonter plus loin que ce chef d'œuvre à mi-chemin de la musique de chambre et de la musique de club pour saisir que Schablitzki est de la même (géniale) trempe que Pantha du Prince (chez l'un comme chez l'autre, le groove est d'une insensée délicatesse), Amon Tobin (avec lequel il partage le goût des field recordings) ou Nicolas Jaar (même prédisposition à la contemplation sépia).

Benjamin Mialot


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