Housse music

Jadis groupe concept alliant, on ne sait trop pourquoi, pop et tennis, Housse de Racket a depuis un moment délaissé les passing-shots et livré l'an dernier un album qui mériterait de figurer dans les dix premiers du classement "ATPop". Sortez les Stan Smith, ils débarquent au Kao et ça va danser au filet. Stéphane Duchêne


«Le sport c'est des notes et un blouson, c'est autant visuel que sonore», a déclaré, la semaine dernière, Sébastien Tellier dans les Inrocks. Une devise qu'auraient pu faire leur les Housse de Racket à leurs débuts. À ceci près que le duo de Chavile avait considéré qu'en été un blouson, ça tient chaud : mieux vaut un short, un bandeau à visière, des poignets en éponge et (au cas où on aurait envie de faire un tennis), une raquette. Au point qu'on s'était alors demandé si les enfants cachés de Pit & Rick ne s'étaient pas mis en tête de donner une suite à «La Cicrane (dont les ailes étaient en raquettes de tennis, souvenez-vous, lol) et la Froumi».

Bref, on a un peu cru à la blague. Savant mélange plutôt efficace – quoi qu'un peu putassier – d'inspiration house (de racket) et de pop à la Phoenix, on goûtait un peu moins les paroles en français un peu pourraves, ce qui n'empêcha guère le petit succès de Forty Love et du single Oh Yeah !, y compris à l'étranger où l'on ne comprenait pas un traître mot de tout ça.


Là, alors qu'on allait remballer les housses et les poignées en éponge, Housse de Racket dégaine Alésia, on pense à ce pauvre Vercingétorix et on s'apprête à passer à autre chose, parce que c'est bien connu, comme dirait Agecanonix : «On ne parle pas d'Alésia, personne ne sait où se trouve Alésia !».

Human Nature

Sauf que, dès le départ, cet album-là sonne comme une victoire. Et pas une au tie-break contre Nicolas Mahut (90e à l'ATP), plutôt de celles qui vous font conquérir des planètes comme dans un film sous acide de Kenneth Anger (Human Nature, Alésia). Là, il n'est plus question de jouer à la baballe mais à la pop intergalactique noyée de synthétiseurs et de mélodies folles. Est-ce l'arrêt du tennis, l'apprentissage de l'anglais – même les titres en français ne sont plus, enfin moins, embarrassants – la production de Philippe Zdar (aux manettes du génial Wolfgang Amadeus Phoenix), qui donnent à l'ensemble cette tenue atmosphérique saisissante et néanmoins dansante ? Toujours est-il qu'Alésia est l'un des grands albums français – tout court ? – du moment.

Quelque part entre Tellier donc – sans les moments gênants en peignoir – l'efficacité pop de Phoenix et quelque chose qui ressemblerait à ce à quoi New Order ressemblerait aujourd'hui si New Order ne ressemblait pas à ce à quoi il ressemble. Vous suivez ? Non ? Tant pis, de toute façon avec Housse de Racket vous êtes condamnés à faire l'essuie-glace en fond de court. 



Housse de Racket - Chateau par M2oSolutions


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