Teenage Fan Club


On dit souvent que le rock a inventé les teenagers. Sans rock'n'roll donc, point de «teen movies». Ce que la bande-son du premier d'entre-eux, Americain Graffiti prouve par le menu, copieux : une anthologie exhaustive du meilleur de la musique 50's et 60's.

La musique : première manière d'ancrer une période éphémère – la jeunesse – dans son époque. Et d'y revenir. Éternellement liés : Don't You (Forget about me) de Simple Minds et The Breakfast Club de John Hugues, l'un de ceux qui a le mieux compris la puissance évocatrice d'une BO.

C'est avec Pretty in Pink, que John Hugues livre sans doute sa bande son la plus «branchée» (The Smiths, New Order, OMD, Echo & the Bunnymen). Mais dans Ferris Bueller, Hugues est sans doute plus proche de son époque, opérant un grand écart musical entre Big Audio Dynamite et Sigue Sigue Sputnik, un groupe punko-kitsch dont l'album est entrecoupé de messages publicitaires. Synonyme de 80's où le cool et le kitsch ne sont jamais loin de l'autre, et où les apparences sont parfois trompeuses.

Au fil du temps, le teen movie devient un laboratoire des tendances musicales et même d'un territoire symbolisé par un grand pourvoyeur de BO teen, le groupe Death Cab for Cutie. D'où des soundtracks parfois plus exigeantes que les films qu'elles sont censées rythmer, exception faite de Pump up the Volume où thème (la radio) et bande-annonce pointue (Richard Hell, Pixies, Ice T, Urban Dance Squad...) ne peuvent faire qu'un. Aujourd'hui, culture net et postmodernisme obligent, on retrouve aussi bien sur la BO d'un Projet X, Four Tet ou Animal Collective que le rappeur Drake ou James Blunt, sans hiérarchie aucune. Où l'on revient à l'esprit relativiste de la BO de Ferris Bueller.

C'est au fond dans les post-teen movies que sont Generation 90 ou Young Adultet sa référence au groupe indé écossais Teenage Fanclub – que la nostalgie musicale agit à plein. Avec toujours, profondément ancré ce rappel à l'adolescence, lié aux tubes qui nous y renvoient. Cette jeunesse jamais vraiment perdue car archivée en image et en musique et qui chante à notre oreille : «Don't You Forget about me».

Stéphane Duchêne


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