«Je ne suis pas devenue une enfant gâtée de la culture»

Ancienne galeriste, Patricia Houg a rejoint le groupe GL Events et dirige désormais la Sucrière. En charge d'un espace de 1700 m2 dédié aux expositions et des locations de la salle à l'année, elle revient sur ses nouvelles missions. Propos recueillis par Dorotée Aznar


Comment s'est décidée votre nomination à la tête de La Sucrière ?
Patricia Houg : Olivier Ginon, le président de GL Events est venu me chercher. Nous nous connaissions personnellement, mais c'est mon profil d'ancienne galeriste (galerie Olivier Houg, NdlR) et de responsable de deux salons d'art contemporain qui l'intéressait (Docks Art Fair à Lyon et foire SHOW OFF à Paris, NdlR).

C'est une proposition que vous ne pouviez pas refuser…
J'étais très fière que l'on me propose la direction de ce lieu. C'est très anxiogène, mais le monde de l'art est un univers de challenges. Cela fait désormais un an que j'ai une nouvelle vie, dans un grand groupe, et j'y ai beaucoup appris.

La Sucrière est un lieu privé. La question de sa rentabilité économique va rapidement se poser.
Nous sommes pour l'instant en «année 0», nous sommes dans la tentative, dans l'expérimentation, on navigue à vue. Le modèle économique est à trouver. La Sucrière, c'est un modèle économique unique, une gestion totalement privée.

Avez-vous une totale liberté de décision dans le domaine artistique ?
Oui, les grandes lignes que je me suis fixées quant à la direction artistique du lieu sont respectées. Mon calendrier est prêt jusqu'en janvier 2013 et je peux dire que j'ai les mains libres artistiquement. Je n'ai pas l'impression que mes décisions ont été sujettes à caution. Si je me brime, ce n'est pas dans le contenu de ce que je programme, mais dans le domaine de la dépense.

Votre rôle ne se limite pas à la programmation des expositions.
Non, je suis responsable de l'ensemble de la structure. La Sucrière, c'est un espace d‘exposition, mais aussi un lieu d'accueil, le corps de métier de notre groupe, GL Events. La Sucrière accueillera des conventions, des galas, des lancements de produits, des séminaires, des concerts… C'est une grande aventure. J'ai bien conscience qu'il ne faut pas perdre d'argent. Je ne suis pas devenue une enfant gâtée de la culture. Si un projet a mal été pensé, c'est mon entière responsabilité.

L'exposition de Chiharu Shiota a été réalisée dans et pour l'espace de la Sucrière. Les artistes que vous exposez doivent-ils se soumettre à des critères très précis ?
Un cahier des charges est fourni aux artistes. Il est effectivement précis et les artistes doivent accepter la contrainte du lieu.

Si les expositions programmées ne s'avéraient pas rentables économiquement, est-il envisagé de réattribuer l'espace dédié aux expositions à d'autres activités, plus lucratives ?
Non, un étage est entièrement dédié aux expositions. Ces 1700 m2 ne peuvent accueillir autre chose que des expos. Il faut également y voir une démarche didactique, qui me plaît beaucoup. Cela peut conduire des entreprises présentes dans les lieux à aller découvrir un artiste… Selon moi, faire une convention à la Sucrière, cela doit avoir un sens. Nous ne sommes pas des loueurs de mètres carrés, il faut garder les particularités de ce lieu, et exploiter sa modernité.

La sucrière continuera-t-elle d'accueillir la Biennale d'art contemporain ?
Bien sûr, il n'y aurait aucun sens à se séparer de la Biennale. De même, la Sucrière continuera d'accueillir Nuits sonores et nous essaierons de travailler en synergie avec les événements culturels déjà en place à Lyon. Et parallèlement, nous tenterons de créer nos propres événements. 

 

La Sucrière, repères

Une structure privée

La Sucrière, ancien entrepôt construit dans les années 1930 au Confluent était, jusqu'il y a peu, la propriété des Voies navigables de France (VNF). Désormais, la Sucrière appartient à une société civile immobilière (SCI) détenue par Rhône Saône Développement, filiale de Voies Navigables de France (50% du capital) et GL Events (50% du capital). GL Events assure également la gestion du lieu.

GL Events

Le groupe intervient dans l'organisation de salons, congrès et événements, la gestion d'espaces pour le compte des collectivités locales et la fourniture de services aux événements. Le groupe, dirigé par Olivier Ginon et dont le siège est basé à Lyon, a réalisé plus de 787 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011. GL Events assure notamment la gestion de la Salle 3000 et d'Eurexpo.

Le bâtiment

Construit sur quatre niveaux, le bâtiment a été conçu pour recevoir simultanément expositions et événements privés ou publics. La Sucrière se compose d'une  salle de 1700 m², surplombée par une mezzanine de 1100 m², d'une salle de 600 m² et d'un espace d'exposition de 1700 m².

Quelques événements à venir

Le concert de New Order, dimanche 20 mai

L'exposition L'art contemporain raconté aux enfants de Gianni Colosimo du 27 septembre au 31 décembre


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