Quatre et quatre : dix huit

"L'Enfant et les sortilèges", ensorcelante fantaisie lyrique de Ravel, se joue à l'Opéra de Lyon dans une version joyeuse et rythmée. Rêverie d'enfance pour jeunes de 7 à 99 ans, qui se consomme sans aucune modération. Pascale Clavel


Maurice Ravel et Colette, sa complice de toujours, ont tricoté ensemble une fantaisie lyrique aussi drôle que décalée. Ni réellement opéra, ni vraiment conte, L'Enfant et les sortilèges est un ovni musical jouissif et désarmant. L'Opéra de Lyon en offre une version ébouriffée dans une mise en scène du Polonais Grzegorz Jarzyna. L'intrigue est à dormir debout : un jeune garçon refuse de faire ses devoirs, sa mère le punit, il doit rester dans sa chambre. De rage et de colère, l'enfant casse tout, il martyrise l'écureuil dans sa cage et le chat qui passe par là, déchire un livre, jusqu'à ce que… toutes les victimes viennent lui faire la peau de manière étrange et amusante. Une série de petits tableaux s'enchaînent, parfois drôles, parfois mélancoliques, toujours féériques. Musicalement, on est aux anges, là un menuet ridicule fait danser deux fauteuils, une théière s'élance sur un ragtime endiablé. La rencontre de la tasse chinoise et de la théière offre une scène burlesque dans un anglais irréel et un chinois inventé. Que dire encore de ce vieillard fou qui fait surgir des morceaux de problèmes et de faux calculs : «deux robinets coulent dans un réservoir, deux trains omnibus quittent une gare à vingt minutes d'intervalles, valle, valle, valle…». Ravel a 50 ans lorsqu'il compose cette fable ; vision d'un homme mur sur l'enfance et ses toutes ses extravagances.

Paroles de Juliette

Maîtrisienne depuis 7 ans, chiffre 9 dans l'œuvre, 13 ans dans la vraie vie, Juliette raconte son expérience. Elle arrive à la pause, encore grimée, visage tout noir. Sur le plateau, elle est le chiffre 9. Elle est en classe de Quatrième et vit des moments d'une grande intensité. «C'est une belle expérience, il y a une bonne ambiance, on s'entend bien. C'est bizarre parce que lorsqu'on arrive sur le plateau pour les premières répétitions avec le metteur en scène, on perd un peu la qualité vocale parce qu'on est plus concentré sur ses indications, on est moins à l'écoute du chant. À force de répéter, tout va mieux. J'aime beaucoup le décor, je le trouve assez original. C'est un stress chaque fois, pour chaque œuvre on a envie d'être choisi et ce n'est pas toujours le cas. Découvrir les décors, les costumes, le maquillage, ce sont toujours des moments très drôles. Je suis heureuse d'être là».


L'Enfant et les sortilèges (+ Le Nain)
À l'Opéra de Lyon
Du samedi 19 au mardi 29 mai


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