Des grands lacs de Great Lake Swimmers au Comté de Siskiyou, à l'extrême nord de la Californie, il n'y a qu'un pas. Franchi par Colin Huebert et son compère de natation au sein des Swimmers Erik Arnesen. Car l'esthétique développée ici n'est pas très éloignée de celle de la formation ontarienne. Soit quelque part entre folk neurasthénique, alt-country des bois et post-rock en habit de coton. C'est d'ailleurs sur le label référence de cette musique de l'après-monde, Constellation (Montréal), que Siskiyou est allé trouvé refuge. Et si l'on parlait de Californie et d'Ontario, c'est du côté de Vancouver que Siskiyou est allé enregistrer ses deux albums dont Keep away the dead dont on jurerait qu'il veille par instant à attirer les morts davantage qu'à les éloigner. Et la musique de Siskiyou de faire penser à légende amérindienne du Wendigo, une créature maléfique et cannibale que certaines versions du mythe décrivent comme un monstre glacé ne pouvant vu être vu que de face, ne possédant pas de profil, et se manifestant par des cris perçants qu'annoncent le vent. De discret et pastoral, Siskiyou se mue parfois en ce monstre à la voix perçante qui glace les sangs avant de vous dévorer l'âme. Sans doute la présence, sur les pochettes des deux premiers disques du groupe, d'une créature proche de certaines autres représentations du Wendigo (un genre de yéti) et d'un gland de chêne vidé de son contenu, ne sont-elles pas tout à fait un hasard.
Stéphane Duchêne
Siskiyou + Alligator
Au Sonic
Jeudi 31 mai