Sylvie Guillem, deux pas sur trois

La danseuse étoile, Sylvie Guillem (née en 1965), est l'une des rares interprètes à pouvoir organiser un spectacle en son nom, tout en attirant dans son sillage les meilleurs chorégraphes actuels.


Après Russell Maliphant et Akram Khan, c'est William Forsyhte, Jirí Kylián et Mats Ek (la crème de la danse néo/classique) qui ont collaboré avec la star pour 6000 Miles Away.

Le résultat est discutable, voire un peu paradoxal puisque la pièce la plus forte, signée Jirí Kylián, n'est pas dansée par Sylvie Guillem. Soit en l'occurrence une transposition de 27'52'', pièce ancienne de Kylián, pour un duo sous très haute tension, formé par Aurélie Cayla et Lukas Timulak. Le chorégraphe tchèque y explore l'une de ses obsessions, le rapport homme-femme, et étonne toujours avec ses rythmes syncopés, ses accélérations, ses figures précipitées. Le tout se déliant peu à peu vers la sensualité, la rencontre, l'érotisme.

L'autre duo du programme, signé William Forstyhe et interprété par Guillem, s'avère lui aussi de bonne tenue, sorte d'exercice de style où le chorégraphe manie avec brio sens de l'espace (semblant continuellement «respirer» entre dilatation et contraction), superbes jeux de lumières et virtuosité sèche et tranchante des gestes.

Mais ces bonnes impressions se voient «gâchées» par le solo final de Sylvie Guillem créé par Mats Ek. L'habituel génie de la distorsion du vocabulaire classique manque ici franchement d'inspiration, allant jusqu'à user d'un dispositif potache où Guillem danse avec son image projetée, et d'effets comiques pesants. Un spectacle conseillé jusqu'à l'entracte donc.

Jean-Emmanuel Denave


6000 Miles Away
Au Grand Théâtre, dans le cadre des Nuits de Fourvière
Jusqu'au samedi 16 juin 


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