Deux pour le prix d'A


Si l'on devait écrire une histoire capillaire et musicale de Dominique A, on dirait que sa musique s'est déployée au fil des ans à mesure que ses cheveux s'amenuisaient sur son crâne.

L'enfant de Provins s'est également un peu épaissi, de même que son talent musical et sa tessiture vocale, mais au fond, l'auteur de La Fossette, cet album fondateur d'une «autre chanson française», au minimalisme sec comme un coup de trique et qui fête ses vingt ans cette année, est bien le même que celui de Vers les lueurs, son splendide dernier album.

Tout juste sera-t-il passé en vingt ans par tous les états de lui-même. Comme si le chemin musical parcouru entre les deux était de ces voyages immobiles (mais pas immobilistes) qui mènent très loin.

C'est la bonne idée de ce petit jeu auquel va s'adonner Monsieur A sur la scène du Théâtre antique de Fourvière. L'ancien Dominique A – en réalité celui d'aujourd'hui, puisqu'il ne sera fait aucun usage d'hologramme – y jouera en première partie une relecture de La Fossette (qui contient quelques-uns de ses plus beaux titres comme Va-t'en, Les Habitudes se perdent et surtout Le Courage des Oiseaux, et son inoubliable beat neurasthénique).


Après quoi le chanteur opérera un retour vers le futur et Vers les lueurs, pour nous livrer aux côtés de pas moins de dix musiciens dont un quintet de cuivres l'intégralité de cet album obsédé par les notions de lumière et de lueurs. Lui qui, pessimiste jusqu'à l'os chantait il y a deux décennies «et dire que nous n'aurons même pas passé l'hiver» inaugurera ainsi avec quelques jours d'avance les premiers jours d'un été supplémentaire.

 Stéphane Duchêne

 

Dominique A
Au Théâtre Antique, dans le cadre des Nuits de Fourvière
Lundi 18 juin 


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