Le goût des autres gens


La bande-dessinée numérique, ce n'est pas encore ça. L'éditeur communautaire Manolosanctis a fait faillite. Les solutions de financement participatif (crowd-funding), qu'elles prennent la forme d'un soutien avec contrepartie façon My Major Company ou d'un investissement avec retour comme cela se fait chez Sandawe, triment dans la confidentialité. Quant aux offres de distribution dématérialisée à la Izéo, elles peinent à fédérer les principaux acteurs du secteur.

En attendant le lancement des prometteurs e-zines Professeur Cyclope et La Revue dessinée, c'est vers Thomas Cadène qu'il faut se tourner pour entrevoir l'avenir du neuvième art, lui qui tient les rênes de la «bédénovela» Les Autres Gens. Kézako ? Un feuilleton dessiné avec la complicité d'une centaine d'artistes (de la rock'n'roll Tanxxx à l'observateur Bastien Vivès en passant par le pince-sans-rire James), lisible sur abonnement à raison d'un épisode par jour depuis le 1er mars 2010.

Parallèlement regroupé en album par Dupuis depuis avril 2011, il s'achèvera ce mois-ci sur un double succès. Un (petit) succès économique, le gros millier d'abonnements souscris ayant permis à Cadène de se salarier sur la période. Et un (gros) succès critique : s'intéressant à Mathilde, jeune étudiante en droit devenue riche après avoir filé trois des numéros gagnants de l'Euro Millions à un inconnu reconnaissant, Les Autres Gens est une captivante fresque humaniste, qui évite tous les écueils du genre (artificialité narrative, fouillis relationnel, baisses de rythme). À découvrir en compagnie de son créateur, samedi 16 juin à La BD.

Benjamin Mialot


T
homas Cadène
À La BD, samedi 16 juin


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