Chauffer les Z'Oreilles


Le Réunionnais Danyel Waro (initialement orthographié Hoareau avant qu'il ne créolise son nom comme Michael Jackson blanchissait sa peau) est originaire de la commune du Tampon, mais ses transes musicales sont telles qu'on le verrait davantage issu de La Possession.

Il a le teint rougail et les cheveux blancs, et pourtant lorsqu'il donne de la voix, on croirait entendre le cœur de l'Afrique qui se frotte à la poésie des griots. Agriculteur, luthier, militant avant d'être chanteur, Danyel Waro incarne aujourd'hui l'âme du maloya, qui est à La Réunion ce que le gwo-ka est aux Antilles, à savoir l'ex-musique des esclaves.

Longtemps interdit pour cause de passé douloureux, ce blues austral et tribal, aux racines africaines, malgaches et indiennes, résonne dès les 70's chez cette forte tête anti-coloniale, qui le délivre alors du silence et de la honte. Aujourd'hui fort de sept albums, Danyel Waro fait aussi le tampon entre jazz et afro sur Somminker (avec Olivier Ker Ourio), incursions en Pays Sauvage sur l'album d'Emily Loizeau, jusqu'au récent Aou Amwin, qui invite le rappeur Tumi à rendre hommage à Mandela dans un joyeux melting pot de bobre et de takamba. En 2011 aux Nuits de Fourvière, Danyel Waro avait transformé la colline gallo-romaine en Piton de la Fournaise. On peut compter sur sa présence incandescente, cette année, pour marquer Les Temps Chauds et nos Z'oreilles de métros.

Stéphanie Lopez

Danyel Waro
Aux Temps Chauds, samedi 21 juillet


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