Super Subs

C'est dans le cadre unique des Subsistances que cinq groupes triés sur le volet devraient offrir aux amateurs de musique de qualité une scène pas comme les autres. Stéphane Duchêne


C'est pas pour se la jouer – ce n'est pas le genre de la maison – ni parce que les groupes présents ont été choisis au terme d'une délibération digne d'un vote papal – avec pose de veto, scrutins à plusieurs tours et mauvaise foi portée en étendard – parmi près d'une centaine de candidats par les membres des Subsistances, de Radio Quenelle et du Petit Bulletin, mais le fait est que la Fête de la Musique aux Subs va valoir le détour par les Quais de Saône.

Ne serait-ce que parce qu'elle oscillera entre découvertes et confirmations, en un habile mélange des genres complètement volontaire – après abandon de l'idée d'une esthétique entièrement dévolue au metal auvergnat ou au fado berrichon, jugée trop segmentante.

On ne présente quasiment plus, par exemple la jeune folkeuse Tachka, aussi à l'aise au piano qu'à la guitare, dont les douces mélodies risquent de contraster subtilement avec le capharnaüm ambiant qui envahira pour un soir l'ensemble de la cité lyonnaise. Une transition toute trouvée vers la pop-rock teintée de blues de Venustre issu de l'impeccable écurie Echo Orange. Ensuite, on vous apportera la preuve en direct grâce à Over The Snare, qu'à l'instar d'Hervé Vilard, le trip-hop n'est non seulement pas mort mais plutôt en forme. Surtout à la façon dont le groupe le triture entre délectation et expérimentation.

«Matinal»

Il faudra également compter sur deux des formations les plus prometteuses de la scène locale. D'abord Jesus is my girlfriend – un hommage au regretté Babybird dont l'un des titres portait ce nom ? – dont la chanteuse Johanna Serville a été nourrie, sur place, de rock anglais mais pas seulement. Celle qui se qualifie de «serial killer en talons aiguilles» se réclamant de The Kills ou de Shannon Wright. Bref, d'un rock minimaliste et dru qui colle au plafond comme l'album Storm, encore tout frais et déjà chaud comme la braise.

Ensuite, Your mouth is your friend – oui, il est beaucoup question d'«amis» dans cette sélection, mais point de copinage – un duo électro-rock, au registre plutôt étendu, dont on ne savait pas grand-chose jusqu'à ce que l'on tombe sur un clip baptisé Matinal. Extrait du sweet EP et impeccablement réalisé, la chose est tout de suite apparue aussi indispensable à la bonne entame de la journée que le cocktail céréales, fruit, produit laitier. Nul doute que cet apport énergétique fonctionne tout aussi bien en soirée. Si notre bouche est notre amie, la leur est l'amie de nos oreilles. Tout comme risque de l'être cette soirée.


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