Adieu Berthe !

De et avec Bruno Podalydès (Fr, 1h40) avec Denis Podalydès, Isabelle Candelier, Valérie Lemercier…


Berthe est morte, mémé n'est plus. C'est ce qu'apprend Armand Lebrec (Denis Podalydès), la tête dans une boîte transpercée de sabres factices. Son affliction à l'annonce du décès est, elle aussi, purement factice : cette grand-mère était si discrète que tout le monde l'avait oubliée dans la famille (son père en particulier, atteint d'une forme de démence burlesque ; un numéro aussi bref que grandiose pour Pierre Arditi). De toute façon, Armand a d'autres chats à fouetter : une femme qu'il tente vainement de quitter, une autre avec qui il essaie de trouver un modus vivendi, une pharmacie appartenant à une belle-mère intrusive…

Après l'inégal Bancs publics, Bruno Podalydès revient à des territoires plus familiers de son cinéma : la comédie de l'indécision sentimentale, sur un mode plus grave et plus mature, âge des protagonistes oblige. La première moitié est effectivement hilarante, notamment la peinture de pompes funèbres délirantes, l'une tenue par une sorte de gourou new age (Michel Vuillermoz, génial), l'autre par un taxidermiste arrondissant ses fins de mois en faisant des funérailles discount (Podalydès lui-même).

La deuxième, où le cinéaste s'aventure dans un registre plus doux-amer, est un peu moins convaincante, mais c'est là qu'il tire les fils les plus étonnants de sa drôle de pelote : comme ces dialogues de textos colorés qui s'affichent à l'écran, ou encore cette nuit où le passé de Berthe ressurgit par la grâce d'une série de lettres d'amours envoyées à un magicien volage. À cet instant, Podalydès trouve une belle harmonie entre deux époques du discours amoureux, les faisant se rejoindre dans une même mélancolie, à l'image de la touchante chanson de Mouloudji qui précède l'ambivalent «Je reviens» final.

Christophe Chabert


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Coupable, forcément coupable…