The Amazing Spider-Man

Après un ravalement de casting, Spider-Man revient pour raconter à nouveau ses origines. Entre faiblesse des enjeux, mise en scène approximative et acteurs sous-employés, était-ce vraiment nécessaire ? Jérôme Dittmar


Hollywood a toujours pratiqué l'amnésie forcée. Suites, remakes et désormais reboot ; recycler ou faire table rase est une pratique courante. Dix ans après le premier film de Sam Raimi, Sony remet donc les compteurs de Spider-Man à zéro pour relancer sa licence. Mais comment tout recommencer avec si peu d'intervalle entre les films ? En ne changeant rien. The Amazing Spider-Man n'a pas la prétention de raconter autre chose que l'histoire de son héros adolescent, et tant pis si elle est connue. Tout ou presque ce qui fait la mythologie du personnage est donc rapatrié ici : la figure du geek transformé en justicier, la découverte des pouvoirs et la responsabilité qui en découle, la perte de l'oncle Ben et la fabrication d'une icône héroïque populaire. Si le film se veut malgré tout une variation (le Lézard remplace le Bouffon vert ; Gwen Stacy devient la première amoureuse de Peter Parker), il suit les mêmes traces que son aîné, sauf que le casting a changé, et ce n'est qu'une partie du problème.

Cahier des charges

La différence entre Raimi et Marc Webb (enrôlé après son médiocre 500 jours ensemble) tient à une chose : le traitement du sujet. Blotti contre la doxa du blockbuster insipide, ce Spider-Man ne débouche sur aucun motif ni regard. L'originalité du film, partir sur la disparition des parents de Parker pour disséminer au long de l'intrigue les figures paternelles, échoue dans le vide. Les situations ne s'enchaînent que pour suivre un cahier des charges. Elles se chassent, précipitées par l'action, jusqu'à glisser sur des éléments déterminants (la mort de l'oncle, sans importance ; le dualisme science/nature torpillé). L'adolescence, que Raimi disséminait partout, devient chez Webb un décorum de teen movie faiblard et balisé avec Emma Stone en blonde accessoirisée. Ne reste alors qu'un scénario prétexte à rejouer l'initiation jouissive aux pouvoirs (jolie scène avec un skate) et l'évolution acrobatique d'un corps. Puis quelques moments portés par Andrew Garfield. Mais là encore, Webb sous-estime son acteur. Il a pourtant devant lui de l'or en barre, un corps effacé et de second plan à transformer en super héros masqué. Même cette ambiguité entre le frêle et le titane qui sied à l'araignée et aurait pu être au centre de tout, le film passe à côté.


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