Margaret

De Kenneth Lonergan (ÉU, 2h30) avec Anna Paquin, J Smith Cameron, Matt Damon...


Second film de Kenneth Lonergan, auteur de théâtre et scénariste de Gangs of New York, Margaret revient de loin et ça se sent (bloqué depuis 2009 suite à un procès, le film a traîné en montage).

Portrait d'une lycéenne (Anna Paquin) témoin d'un tragique accident de bus qu'elle a en partie provoqué, le film prend une bonne heure à décoller pour trouver son sujet. Durant ce temps, Lonergan tâtonne, avance au rythme de son héroïne, traumatisée mais debout, rongée par une culpabilité dont elle ne sait que faire avant de la canaliser dans une quête de vengeance inattendue.

Ce long et épuisant tunnel, où le film s'égare au ralenti, suivant le quotidien de son adolescente, son errance sentimentale et existentielle, son rapport trouble avec un prof et l'histoire de sa mère paumée, sert de tremplin vers une seconde moitié où les choses mordent enfin sur l'intrigue. Se dessine alors un double regard, sur la frénésie procédurière américaine, que le film étend jusqu'à l'arrogance militaire du pays. Et l'adolescence comme d'un moment mouvant et propice à adopter des thèses radicales pour répondre à un état de confusion général. Lonergan s'aventure ici sans craindre le malaise, poussant son héroïne dans une situation ambiguë que la mise en scène accentue par les convictions qu'elle met en branle. Dommage que le film se perde ou s'oblige à souligner ses partis pris à renfort de scènes didactiques et boursouflées, son intéressante psychanalyse du droit méritait d'aller plus loin.

Jérôme Dittmar


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