Attendre soulage


«Indépendamment de ce qui arrive, n'arrive pas, c'est l'attente qui est magnifique», écrit André Breton dans L'Amour fou

Et c'est dans les salles du XXe siècle du Musée des Beaux-Arts que nous sommes allés «attendre» les nouvelles expositions de la rentrée (Soulages notamment, maître du noir, bientôt dans ces murs) et y découvrir un nouvel accrochage éphémère. Le noir déjà y bat son plein dès la découverte de La Cathédrale (1955) de Nicolas de Staël, qui se détache sur une nuit teintée de bleu, celle même où l'artiste bascula la même année en se suicidant. Et Dieu passa aux aveux semble lui répondre, en 1965, Dorothea Tanning (épouse de Max Ernst), avec ses formes ambiguës parmi l'obscurité inquiétante, son corps féminin tronqué et convulsé… Oui Breton encore, L'Amour fou encore : «La beauté convulsive sera érotique-voilée, explosante-fixe, magique-circonstancielle ou ne sera pas». Un an après, 1966, le très surréaliste Lyonnais Max Schoendorff entreprend de nous perdre parmi les décors en lambeaux de son Aveugle étoile morte : grotte paléolithique déchiquetée ou intérieur organique, qui sait ? Le flou, le mystère, l'abstraction, le noir semblent peu à peu gagner la figuration et les toiles du musée, jusqu'à cette dernière salle présentant trois œuvres de Soulages récemment acquises : un brou de noix de 1947, une huile de 1967 et un triptyque jouant sur les reflets et les effets de matière de 2009. Œuvres accompagnées de l'étonnante sculpture en aluminium de Marta Pan et du triptyque sombre et abstrait de Frédéric Benrath, Le Noir de l'étoile (2004)… Étoile morte, Soleil noir, Mélancolie.

Jean-Emmanuel Denave

Nouvel accrochage des salles du XXe siècle,
Au Musée des Beaux-Arts, jusqu'en octobre


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Les images de la rentrée