Corps étrangers


Créée au théâtre de l'Instant T. il y a presque deux ans, La Théorie de mars est une pièce qui s'étoffe au fil des représentations. Lors de son ripolinage en mai dernier, elle nous a bluffés. Confiné dans un espace étroit, un couple bien sous tout rapport (bel appartement, belle situation, sourires de façade) se fissure quand deux individus pénètrent chez eux.

Ces corps étrangers agissent comme un virus et les gangrènent. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Quel danger représentent-ils ? Le texte de Claude Monteil manie avec une habileté d'équilibriste les couplets sur la sphère intime et la sphère publique, les deux s'imbriquant de manière de plus en plus serrée jusqu'à ce que le couple implose.

Sur scène, les deux comédiens principaux glissent avec maîtrise, et sans avoir l'air d'y toucher, dans la folie, les gestes se répétant jusqu'à une aliénation qui ne dit pas son nom. Loin du maniérisme ou d'un quelconque effet de style, tout ici est fluide et la tension qui va crescendo laisse le spectateur sonné. À noter que le metteur en scène, Meissoune Majri-Pegeot, créera en janvier une variation sur la Marilou gainsbourienne.

Nadja Pobel

La Théorie de mars
À l'Espace 44
Du mardi 25 au dimanche 30 septembre


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